Denombreux livres sur la vie des pachydermes dâAmboseli ont Ă©tĂ© publiĂ©s, notamment La Longue Marche des ElĂ©phants de Cynthia Moss, paru en 1989. Les efforts de lâATE et de la communautĂ© Masai ont un rĂ©el impact sur le bien-ĂȘtre des Ă©lĂ©phants dans le parc national. Il est le seul endroit en Afrique oĂč leur Ăąge moyen nâa pas baissĂ© au cours des derniĂšres annĂ©es.
TOOMAI DES ĂLĂPHANTS Je me souviens de qui je fus. Jâai brisĂ© corde et chaĂźne. Je me souviens de ma forĂȘt et de ma vigueur ancienne. Je ne veux plus vendre mon dos pour une botte de roseaux, Je veux retourner Ă mes pairs, aux gĂźtes verts des taillis clos Je veux mâen aller jusquâau jour, partir dans le matin nouveau. Parmi le pur baiser des vents, la claire caresse de lâeau Jâoublierai lâanneau de mon pied, lâentrave qui veut me soumettre. Je veux revoir mes vieux amours, les jeux de mes frĂšres sans maĂźtre. Kala Nag â autrement dit Serpent Noir â avait servi le Gouvernement de lâInde, de toutes les maniĂšres dont un Ă©lĂ©phant peut servir, pendant quarante-sept annĂ©es ; et, comme il avait au moins vingt ans lorsquâil fut pris, cela lui faisait environ soixante-dix ans Ă cette heure, lâĂąge mĂ»r des Ă©lĂ©phants. Il se souvenait dâavoir poussĂ©, un gros bourrelet de cuir attachĂ© sur le front, pour dĂ©gager un canon enlisĂ© dans la boue profonde ; et câĂ©tait avant la guerre afghane de 1842, alors quâil nâavait pas encore atteint la plĂ©nitude de sa force. Sa mĂšre, Radha Pyari â Radha la favorite â prise dans la mĂȘme chasse que lui, nâavait pas manquĂ© de lui dire, avant que ses petites dents, ses dĂ©fenses de lait, fussent tombĂ©es Les Ă©lĂ©phants qui ont peur attrapent toujours du mal » ; et Kala Nag savait que lâavis Ă©tait sage, car, la premiĂšre fois quâil vit un obus Ă©clater, il recula en criant, creva une rangĂ©e de faisceaux, et les baĂŻonnettes le piquĂšrent dans ses parties les plus tendres. Aussi, avant quâil eĂ»t vingt-cinq ans, Ă©tait-ce fini pour lui dâavoir peur, et devint-il par lĂ mĂȘme lâĂ©lĂ©phant le plus aimĂ© et le mieux soignĂ© dans le service du Gouvernement de lâInde. Il avait transportĂ© des tentes, douze cents livres de tentes, durant la marche Ă travers lâInde SupĂ©rieure ; il avait Ă©tĂ© hissĂ© sur un navire au bout dâune grue Ă vapeur ; et, aprĂšs des jours et des jours de traversĂ©e, on lui avait fait porter un mortier sur le dos dans un pays Ă©trange et rocailleux, trĂšs loin de lâInde ; il avait contemplĂ© lâempereur ThĂ©odore Ă©tendu mort dans Magdala ; puis Ă©tait revenu par le mĂȘme steamer, avec tous les titres, disaient les soldats, Ă la mĂ©daille dâAbyssinie. Il avait vu ses camarades Ă©lĂ©phants mourir de froid, dâĂ©pilepsie, de faim et dâinsolation dans un endroit appelĂ© Ali Musjid, dix ans plus tard ; ensuite, il avait Ă©tĂ© envoyĂ© Ă des milliers de milles dans le sud pour traĂźner et empiler de grosses poutres en bois de teck, aux chantiers de Moulmein. LĂ , il avait Ă moitiĂ© tuĂ© un jeune Ă©lĂ©phant insubordonnĂ© qui voulait esquiver sa juste part de travail. AprĂšs cela, il avait quittĂ© le transport des bois de charpente, et on lâavait employĂ©, avec quelques vingtaines de compagnons dressĂ©s Ă cette besogne, pour aider Ă la capture des Ă©lĂ©phants sauvages dans les montagnes de Garo. Les Ă©lĂ©phants ! le Gouvernement de lâInde y veille avec un soin jaloux il y a un service tout entier qui ne sâoccupe que de les traquer, de les prendre, de les dompter, et de les envoyer Ă un bout du pays ou Ă lâautre suivant les besoins de lâouvrage. Kala Nag, debout, mesurait dix bons pieds aux Ă©paules ; ses dĂ©fenses avaient Ă©tĂ© rognĂ©es Ă cinq pieds, et, pour les empĂȘcher de se fendre, on avait garni leurs extrĂ©mitĂ©s avec des bandes de cuivre ; mais il savait se servir de ces tronçons mieux quâaucun Ă©lĂ©phant non dressĂ© de ses vraies dĂ©fenses aiguĂ«s. Quand, aprĂšs des semaines et des semaines passĂ©es Ă rabattre avec prĂ©caution les Ă©lĂ©phants Ă©pars dans les montagnes, les quarante ou cinquante monstres sauvages Ă©taient poussĂ©s dans la derniĂšre enceinte, et que la grosse herse, faite de troncs dâarbres liĂ©s, retombait avec fracas derriĂšre eux, Kala Nag, au premier commandement, pĂ©nĂ©trait dans ce pandĂ©monium de feux et de barrissements câĂ©tait Ă la nuit close en gĂ©nĂ©ral, et la lumiĂšre vacillante des torches rendait difficile de juger les distances il choisissait dans toute la bande le plus farouche des porte-dĂ©fenses, et le martelait et le bousculait jusquâĂ le rĂ©duire au calme, tandis que les hommes, montĂ©s sur le dos des autres Ă©lĂ©phants, jetaient des nĆuds coulants aux plus petits et les attachaient. Il nây avait rien, dans lâart de combattre, que Kala Nag, le vieux et sage Serpent Noir, ne connĂ»t il avait plus dâune fois, dans son temps, soutenu la charge du tigre blessĂ©, et, sa trompe charnue soigneusement roulĂ©e pour Ă©viter les accidents, il avait frappĂ© de cĂŽtĂ© dans lâair, dâun rapide mouvement de tĂȘte en coup de faulx, la brute bondissante â un coup de sa propre invention, lâavait terrassĂ©e, et, agenouillĂ© sur elle de tout le poids de ses genoux Ă©normes, il en avait exprimĂ© la vie avec un rĂąle et un hurlement ; alors, il ne restait plus sur le sol quâune loque rayĂ©e, Ă©bouriffĂ©e, quâil tirait par la queue. â Oui ! disait Grand Toomai, son cornac, â le fils de Toomai le Noir qui lâavait emmenĂ© en Abyssinie, et le petit-fils de Toomai des ĂlĂ©phants qui lâavait vu prendre, â il nây a rien au monde que craigne le Serpent Noir, exceptĂ© moi. Il a vu trois gĂ©nĂ©rations de notre famille le nourrir et le panser, et il vivra pour en voir quatre. â Il a peur de moi aussi ! â disait Petit Toomai, en se dressant de toute sa hauteur, quatre pieds, sans autre vĂȘtement quâun lambeau dâĂ©toffe. Il avait dix ans ; câĂ©tait le fils aĂźnĂ© de Grand Toomai, et, suivant la coutume, il prendrait la place de son pĂšre sur le cou de Kala Nag, lorsquâil serait grand lui-mĂȘme, et manierait le lourd ankus de fer, lâaiguillon des Ă©lĂ©phants, que les mains de son pĂšre, de son grand-pĂšre et de son arriĂšre-grand-pĂšre avaient poli. Il savait ce quâil disait ; car il Ă©tait nĂ© Ă lâombre de Kala Nag, il avait jouĂ© avec le bout de sa trompe avant de savoir marcher, il lâavait fait descendre Ă lâeau dĂšs quâil avait su marcher, et Kala Nag nâaurait pas eu lâidĂ©e de dĂ©sobĂ©ir Ă la petite voix perçante qui lui criait ses ordres, plus quâil nâaurait eu lâidĂ©e de tuer le petit bĂ©bĂ© brun, le jour oĂč Grand Toomai lâapporta sous les dĂ©fenses de Kala Nag, et lui ordonna de saluer celui qui serait son maĂźtre. â Oui, dit Petit Toomai, il a peur de moi. Et il marcha Ă longues enjambĂ©es vers Kala Nag, lâappela vieux pourceau gras », et lui fit lever les pieds lâun aprĂšs lâautre. â Wah ! dit Petit Toomai, tu es un gros Ă©lĂ©phant. Et il secoua sa tĂȘte Ă©bouriffĂ©e, en rĂ©pĂ©tant ce que disait son pĂšre â Le Gouvernement peut bien payer le prix des Ă©lĂ©phants, mais câest Ă nous, mahouts, quâils appartiennent. Quand tu seras vieux, Kala Nag, il viendra quelque riche Rajah qui tâachĂštera au Gouvernement, Ă cause de ta taille et de tes bonnes maniĂšres, et tu nâauras plus rien Ă faire quâĂ porter des boucles dâor Ă tes oreilles, un dais dâor sur ton dos, des draperies rouges couvertes dâor sur tes flancs et Ă marcher en tĂȘte du cortĂšge royal. Alors, je serai assis sur ton cou, ĂŽ Kala Nag, un ankus dâargent Ă la main, et des hommes courront devant nous, avec des bĂątons dorĂ©s, en criant Place Ă lâĂ©lĂ©phant du Roi ! » Ce sera beau, Kala Nag, mais pas aussi beau que de chasser dans les jungles. â Peuh ! dit Grand Toomai, tu nâes quâun petit garçon et aussi sauvage quâun veau de buffle. Cette façon de passer sa vie Ă courir du haut en bas des montagnes nâest pas ce quâil y a de mieux dans le service du Gouvernement. Je me fais vieux, et je nâaime pas les Ă©lĂ©phants sauvages. Quâon me donne des lignes Ă Ă©lĂ©phants, en briques, une stalle par bĂȘte, des pieux solides pour les amarrer en sĂ»retĂ©, et de larges routes unies pour les exercer au lieu de ce va-et-vient toujours en camp volant⊠Ah ! les casernes de Cawnpore avaient du bon. Il y avait tout prĂšs un bazar, et seulement trois heures de travail par jour. Petit Toomai se rappela les lignes Ă Ă©lĂ©phants de Cawnpore et ne dit rien. Il prĂ©fĂ©rait de beaucoup la vie de camp, et dĂ©testait ces larges routes unies, les distributions quotidiennes de foin au magasin Ă fourrage, et les longues heures oĂč il nây avait rien Ă faire quâĂ surveiller Kala Nag sâagitant sur place dans ses piquets. Ce quâaimait Petit Toomai, câĂ©tait lâescalade par les chemins enchevĂȘtrĂ©s que seul un Ă©lĂ©phant peut prendre, et puis le plongeon dans la vallĂ©e, la brĂšve apparition des Ă©lĂ©phants sauvages pĂąturant Ă des milles au loin, la fuite du sanglier et du paon effrayĂ©s sous les pieds de Kala Nag, les chaudes pluies aveuglantes, quand toutes les collines et les vallĂ©es fumaient, les beaux matins pleins de brouillard, quand personne ne savait oĂč lâon camperait le soir, la poursuite patiente et minutieuse des Ă©lĂ©phants sauvages, et la course folle, les flammes et le tohu-bohu de la derniĂšre nuit, quand ils venaient se prĂ©cipiter en torrent Ă lâintĂ©rieur des palissades comme des rochers dans un Ă©boulement, dĂ©couvraient lâimpossibilitĂ© dâen sortir, et se lançaient contre les poteaux massifs, pour ĂȘtre enfin repoussĂ©s par des cris, des torches flamboyantes et des salves de cartouches Ă blanc. LĂ , mĂȘme un petit garçon pouvait se rendre utile, et Toomai se rendait aussi utile que trois petits garçons. Il tenait sa torche et lâagitait, et criait de son mieux. Mais le vrai bon temps, câĂ©tait quand on commençait Ă faire sortir les Ă©lĂ©phants, quand le keddah, câest-Ă -dire la palissade, ressemblait Ă un tableau de la fin du monde, et que, ne pouvant plus sâentendre, les hommes Ă©taient obligĂ©s de se faire des signes. Alors Petit Toomai grimpait sur un des poteaux Ă©branlĂ©s, et il avait lâair dâun lutin dans la lumiĂšre des torches ; puis, ses cheveux noirs, blanchis par le soleil, flottant sur ses Ă©paules, on entendait, Ă la premiĂšre accalmie, les cris aigus dâencouragement quâil jetait Ă Kala Nag, parmi les barrissements et les craquements, le claquement des cordes, et les grondements des Ă©lĂ©phants entravĂ©s. â MaĂźl, maĂźl, Kala Nag ! Allons, allons, Serpent Noir ! Dant do ! Un bon coup de dĂ©fense ! Somalo ! Somalo ! Attention ! Attention ! Maro ! Mar ! Frappe, frappe ! Prends garde au poteau ! Arre ! Arre ! Hai ! Hai ! Kya-a-ah ! Et le grand combat entre Kala Nag et lâĂ©lĂ©phant sauvage roulait çà et lĂ Ă travers le keddah, et les vieux preneurs dâĂ©lĂ©phants essuyaient la sueur qui leur inondait les yeux, et trouvaient le temps dâadresser un signe de tĂȘte Ă Petit Toomai, tout frĂ©tillant de joie au sommet du poteau. Il fit plus que de frĂ©tiller ! Une nuit, il se laissa glisser du haut de son poteau, se faufila parmi les Ă©lĂ©phants, ramassa le bout libre dâune corde tombĂ©e Ă terre, et la jeta vivement Ă lâhomme qui essayait dâattraper un petit rĂ©calcitrant les jeunes donnent toujours plus de mal que les adultes. Kala Nag le vit, le saisit dans sa trompe, le tendit Ă Grand Toomai qui le gifla dare-dare et le remit sur le poteau. Le lendemain matin il le gronda et lui dit â De bonnes lignes Ă Ă©lĂ©phants, en briques, et quelques tentes Ă porter, nâest-ce pas suffisant, que tu aies besoin dâaller attraper les Ă©lĂ©phants pour ton compte, petit propre Ă rien ? VoilĂ , maintenant que ces malheureux chasseurs, dont la paye nâapproche pas de la mienne, ont parlĂ© de lâaffaire Ă Petersen Sahib. Petit Toomai eut peur, Il ne savait pas grandâchose des hommes blancs, mais Petersen Sahib Ă©tait pour lui le plus grand homme blanc du monde il Ă©tait le chef de toutes les opĂ©rations dans le Keddah, â celui qui prenait tous les Ă©lĂ©phants pour le Gouvernement de lâInde, et qui en savait plus sur les us et coutumes des Ă©lĂ©phants quâaucun homme du monde. â Quoi ! quâest-ce qui peut arriver ? dit Petit Toomai. â Ce qui peut arriver, le pis tout simplement, Petersen Sahib est un fou autrement, pourquoi irait-il chasser ces dĂ©mons sauvages ?⊠Il peut mĂȘme exiger de toi de devenir chasseur dâĂ©lĂ©phants pour aller dormir nâimporte oĂč, dans ces jungles fiĂ©vreuses, pour ĂȘtre un jour, en fin de compte, foulĂ© Ă mort dans le keddah. Il est heureux que cette sottise se termine sans accident. La semaine prochaine, la chasse sera finie, et nous autres, de la plaine, nous regagnerons nos postes. Alors, nous marcherons sur de bonnes routes et nous ne penserons plus Ă tout cela. Mais, fils, je suis fĂąchĂ© que tu te sois mĂȘlĂ© de cette besogne câest lâaffaire de ces gens dâAssam, ces immondes rĂŽdeurs de jungle. Kala Nag ne veut obĂ©ir Ă personne quâĂ moi, aussi me faut-il aller avec lui dans le keddah. Mais il nâest quâun Ă©lĂ©phant de combat, et il nâaide pas Ă lier les autres ; câest pourquoi je demeure assis Ă mon aise, comme il convient Ă un mahout â non pas un simple chasseur ! â un mahout, dis-je, un homme qui obtient une pension Ă la fin de son service. Est-ce que la famille de Toomai des ĂlĂ©phants est faite pour se voir foulĂ©e aux pieds dans lâordure dâun keddah ? MĂ©chant ! Vilain ! Fils indigne ! Va-tâen laver Kala Nag, fais attention Ă ses oreilles, et vois sâil nâa pas dâĂ©pines dans les pieds ; autrement, Petersen Sahib tâattrapera, bien sĂ»r, et fera de toi un chasseur sauvage,⊠un de ces ĂȘtres qui suivent les pistes dâĂ©lĂ©phants, un ours de jungle. Pouah ! Fi donc ! va ! Petit Toomai sâen alla sans mot dire, mais il raconta tous ses griefs Ă Kala Nag, pendant quâil examinait ses pieds. â Cela ne fait rien, â dit Petit Toomai, en retournant le bord de son Ă©norme oreille droite â Ils ont dit mon nom Ă Petersen Sahib, et peut-ĂȘtre⊠peut-ĂȘtre⊠qui sait ?⊠AĂŻe ! voici une grosse Ă©pine que je tâai enlevĂ©e ! Les quelques jours suivants furent employĂ©s Ă rassembler les Ă©lĂ©phants, Ă promener entre deux Ă©lĂ©phants apprivoisĂ©s les animaux nouvellement pris, pour nâavoir pas trop dâennuis avec eux en descendant au Sud, vers les plaines, puis Ă rĂ©unir les couvertures, les cordes et tout ce qui avait pu ĂȘtre abĂźmĂ© ou perdu dans la forĂȘt. Petersen Sahib vint sur le dos de son intelligente Pudmini il Ă©tait allĂ© compter leur paye Ă dâautres camps dans les montagnes, car la saison tirait Ă sa fin ; et, maintenant assis Ă une table sous un arbre, un commis indigĂšne rĂ©glait leurs gages aux cornacs. Une fois payĂ©, chaque homme retournait Ă son Ă©lĂ©phant et rejoignait la ligne qui se tenait prĂȘte Ă partir. Les traqueurs, les chasseurs, les meneurs, tous les hommes du keddah rĂ©gulier, qui passent dans les jungles une annĂ©e sur deux, Ă©taient montĂ©s sur le dos des Ă©lĂ©phants appartenant aux forces permanentes de Petersen Sahib, ou bien, adossĂ©s au tronc des arbres, leur fusil en travers des bras ; ils plaisantaient les cornacs qui sâen allaient, et riaient quand les Ă©lĂ©phants nouvellement pris rompaient lâalignement pour courir de tous les cĂŽtĂ©s. Grand Toomai se dirigea vers le commis avec Petit Toomai derriĂšre lui, et Machua Appa, le chef des traqueurs, dit Ă demi voix Ă un de ses amis â VoilĂ de la bonne graine de chasseur qui sâenvole ! Câest une pitiĂ© dâenvoyer ce jeune coq de jungle muer dans les plaines. Or, Petersen Sahib avait des oreilles tout autour de la tĂȘte, comme doit en avoir un homme qui passe sa vie Ă Ă©couter le plus silencieux des ĂȘtres vivants, â lâĂ©lĂ©phant sauvage. Il se retourna sur le dos de Pudmini, oĂč il Ă©tait Ă©tendu de tout son long, et dit â Quâest-ce donc ? Je ne savais pas quâil y eĂ»t un homme parmi les chasseurs de la plaine, qui eĂ»t assez dâesprit pour lier mĂȘme un Ă©lĂ©phant mort. â Ce nâest pas un homme, mais un enfant. Il est entrĂ© dans le keddah, Ă la derniĂšre prise, et a jetĂ© la corde Ă Barmao que voilĂ , quand nous tĂąchions dâĂ©loigner de sa mĂšre ce jeune Ă©lĂ©phant qui a une verrue sur lâĂ©paule. Machua Appa dĂ©signa du doigt Petit Toomai, Petersen Sahib le regarda, et Petit Toomai salua jusquâĂ terre. â Lui, jeter une corde ? Il nâest pas plus haut quâune cheville Ă piquet⊠Petit, comment tâappelles-tu ? dit Petersen Sahib. Petit Toomai avait trop peur pour desserrer les dents, mais Kala Nag Ă©tait derriĂšre lui ; lâenfant fit un signe de la main, et lâĂ©lĂ©phant lâenleva dans sa trompe et le tint au niveau du front de Pudmini, en face du grand Petersen Sahib. Alors, Petit Toomai se couvrit le visage de ses mains, car il nâĂ©tait quâun enfant, et, sauf en ce qui touchait les Ă©lĂ©phants, il Ă©tait aussi timide quâun enfant peut lâĂȘtre. â Oh ! oh ! â dit Petersen Sahib en souriant sous sa moustache â et pourquoi as-tu appris Ă ton Ă©lĂ©phant ce tour-lĂ ? Est-ce pour tâaider Ă voler le blĂ© vert sur les toits des maisons, quand on met les Ă©pis Ă sĂ©cher ? â Pas le blĂ© vert, Protecteur du Pauvre⊠les melons, dit Petit-Toomai. Et tous les hommes assis Ă lâentour remplirent lâair dâune explosion de rires. La plupart dâentre eux avaient appris ce tour Ă leurs Ă©lĂ©phants, lorsquâils Ă©taient gamins. Petit Toomai Ă©tait suspendu Ă huit pieds en lâair, et il aurait dĂ©sirĂ© trĂšs fort ĂȘtre Ă huit pieds sous terre. â Câest Toomai, mon fils, Sahib ! â dit Grand Toomai, en fronçant les sourcils. â Câest un mĂ©chant enfant, et il finira en prison, Sahib. â Pour ça, tu me permettras dâen douter ! dit Petersen Sahib. Un garçon qui, Ă son Ăąge, peut affronter un plein keddah ne finit pas en prison⊠Tiens, petit, voici quatre annas pour acheter des bonbons, parce que tu as une vraie petite tĂȘte sous ce grand chaume de cheveux. Le moment venu, tu peux devenir un chasseur aussi. Grand Toomai fronça les sourcils plus fort que jamais. â Rappelle-toi, cependant, que les keddahs ne sont pas des endroits oĂč doivent jouer les enfants ! ajouta Petersen Sahib. â Est-ce quâil faudra nây jamais aller, Sahib ? demanda Petit Toomai avec un gros soupir. â Si ! â rĂ©pondit en souriant de nouveau Petersen Sahib. â Quand tu auras vu les Ă©lĂ©phants danser !⊠Ce sera le moment⊠Viens me trouver quand tu auras vu danser les Ă©lĂ©phants, et alors je te laisserai entrer dans tous les keddahs. Il y eut une autre explosion de rires, car la plaisanterie est vieille parmi les chasseurs dâĂ©lĂ©phants câest une façon de dire jamais. Il y a, cachĂ©es au loin dans les forĂȘts, de grandes clairiĂšres unies que lâon appelle les salles de bal des Ă©lĂ©phants », mais on ne les dĂ©couvre que par hasard, et nul homme nâa jamais vu les Ă©lĂ©phants danser. Lorsquâun chasseur se vante de son adresse et de sa bravoure, les autres lui disent â Et quand est-ce que tu as vu les Ă©lĂ©phants danser ? Kala Nag reposa Petit Toomai sur le sol, et lâenfant salua de nouveau trĂšs bas, sâen alla avec son pĂšre, et donna la piĂšce dâargent de quatre annas Ă sa mĂšre qui nourrissait un dernier nĂ©. Puis toute la famille prit place sur le dos de Kala Nag, et la file dâĂ©lĂ©phants, grognant, criant, se dĂ©roula le long du chemin de la montagne, vers la plaine. CâĂ©tait une marche trĂšs animĂ©e, Ă cause des nouveaux Ă©lĂ©phants, qui causaient de lâembarras Ă chaque guĂ©, et quâil fallait flatter ou battre toutes les deux minutes. Grand Toomai menait Kala Nag avec dĂ©pit, car il Ă©tait fort mĂ©content. Quant Ă Petit Toomai, il Ă©tait trop heureux pour parler Petersen Sahib lâavait remarquĂ© et lui avait donnĂ© de lâargent ; aussi Ă©prouvait-il ce quâĂ©prouverait un simple soldat appelĂ© hors des rangs pour recevoir des Ă©loges de son commandant en chef. â Quâest-ce que veut dire Petersen Sahib avec la danse des Ă©lĂ©phants ? demanda-il enfin doucement Ă sa mĂšre. Grand Toomai lâentendit et grommela â Que tu ne seras jamais un de ces buffles-de-montagne de traqueurs. VoilĂ ce quâil voulait dire⊠HĂ© ! lĂ -bas, vous, en tĂȘte, quâest-ce qui barre la route ? Un cornac, Ă deux ou trois Ă©lĂ©phants en avant, un homme de lâAssam, se retourna en criant avec colĂšre â AmĂšne Kala Nag, et cogne-moi sur ce jouvenceau que jâai lĂ , pour lui apprendre Ă se tenir. Pourquoi Petersen Sahib mâa-t-il choisi pour descendre avec vous autres, Ăąnes de riziĂšres !⊠Conduis ta bĂȘte sur le cĂŽtĂ©, Toomai, et laisse-la travailler des dĂ©fenses⊠Par tous les Dieux des montagnes, ces nouveaux Ă©lĂ©phants sont possĂ©dĂ©s⊠ou bien ils sentent leurs camarades dans la jungle ! Kala Nag frappa le nouveau dans les cĂŽtes, Ă lui en faire perdre le souffle, tandis que Toomai disait â Nous avons nettoyĂ© les montagnes dâĂ©lĂ©phants sauvages, Ă la derniĂšre chasse. Câest seulement la nĂ©gligence avec laquelle vous les conduisez. Est-ce que je suis chargĂ© de lâordre tout le long de la file ? â Ăcoutez-le ! cria lâautre cornac Nous avons nettoyĂ© les montagnes !⊠» Oh ! oh ! Vous ĂȘtes malins, vous autres, gens de la plaine. Tout le monde, sauf un cul-terreux qui nâa jamais vu la jungle, saurait ce quâils savent bien, eux, que la chasse est finie pour cette saison alors, ce soir, tous les Ă©lĂ©phants sauvages feront⊠â Mais pourquoi gaspiller ce quâon sait devant une tortue de riviĂšre ? â Quâest-ce quâils feront ? cria petit Toomai. â OhĂ© ! petit. Tu es donc lĂ ? Eh bien, je vais te le dire car toi, tu as du bon sens. Ils danseront, voilĂ ! Et ton pĂšre, qui a nettoyĂ© toutes les montagnes de tous les Ă©lĂ©phants, fera bien de mettre double chaĂźne Ă ses piquets, ce soir. â Quâest-ce quâil raconte ? fit Grand Toomai. Pendant quarante annĂ©es, de pĂšre en fils, nous avons gardĂ© les Ă©lĂ©phants, et nous nâavons jamais entendu parler de ces danses-lĂ . â Oui, mais un homme des plaines, qui vit dans une hutte, ne connaĂźt que les quatre murs de sa hutte⊠Eh bien, laisse tes Ă©lĂ©phants sans entraves, ce soir, tu verras ce qui arrivera. Quant Ă leur danse, jâai vu la place oĂč⊠Bapree bap ! combien de tournants a cette riviĂšre Dihang ? Voici encore un guĂ©, et il nous faut mettre les petits Ă la nage. Tenez-vous tranquilles, vous autres, lĂ -bas derriĂšre !⊠Ainsi causant, se querellant, et pataugeant Ă travers les riviĂšres, ils firent leur premiĂšre Ă©tape, jusquâĂ une sorte de camp destinĂ© Ă recevoir les nouveaux Ă©lĂ©phants. Mais ils avaient perdu patience, longtemps avant dây arriver. LĂ , les animaux furent enchaĂźnĂ©s par les jambes de derriĂšre aux lourdes masses des piquets ; on mit des cordes supplĂ©mentaires aux nouveaux ; on entassa devant eux le fourrage. Puis, les cornacs de la montagne retournĂšrent vers Petersen Sahib, sous le soleil de lâaprĂšs-midi, en recommandant aux hommes de la plaine dâĂȘtre exceptionnellement soigneux ce soir-lĂ ; et ils riaient lorsque ceux-ci leur en demandaient la raison. Petit Toomai surveilla le souper de Kala Nag ; et, comme le soir tombait, il erra Ă travers le camp, heureux au delĂ de toute expression, en quĂȘte dâun tam-tam. Lorsquâun enfant hindou se sent le cĆur en liesse, il ne court pas de tous les cĂŽtĂ©s et ne fait pas un vacarme dĂ©sordonnĂ©. Il sâassoit par terre, et se donne une petite fĂȘte Ă lui tout seul. Et Petit Toomai sâĂ©tait vu adresser la parole par Petersen Sahib ! Sâil nâavait pas trouvĂ© ce quâil cherchait, il en aurait fait une maladie. Mais le marchand de bonbons du camp lui prĂȘta un petit tam-tam â un tambour que lâon frappe du plat de la main, â et il sâassit par terre, les jambes croisĂ©es, devant Kala-Nag, au moment oĂč les Ă©toiles commençaient Ă paraĂźtre, le tam-tam sur ses genoux ; et il tambourina, tambourina, tambourina, et, plus il pensait au grand honneur qui lui avait Ă©tĂ© fait, plus il tambourinait, tout seul parmi le fourrage des Ă©lĂ©phants. Il nây avait ni air ni paroles, mais tambouriner le rendait heureux. Les nouveaux Ă©lĂ©phants tiraient sur les cordes, piaulaient de temps en temps et trompettaient, et il pouvait entendre sa mĂšre, dans la hutte du camp, qui endormait son petit frĂšre avec une vieille, vieille chanson sur le grand dieu Siva, lequel a dit jadis Ă tous les animaux ce quâils devaient manger⊠Câest une berceuse trĂšs douce et dont voici le premier couplet Shiv qui versa les moissons et qui fit souffler les vents, Assis aux portes en fleur dâun jour des anciens temps, Donnait Ă chacun sa part vivre, labeur, destinĂ©e, Du mendiant sur le seuil Ă la tĂȘte couronnĂ©e. Toutes choses a-t-il faites, Shiva le PrĂ©servateur, Mahadeo ! Mahadeo ! toutes choses LâĂ©pine pour le chameau roux, le foin pour les bĆufs du labour. Et le sein des mĂšres pour la tĂȘte endormie, ĂŽ petit fils de mon amour ! Petit Toomai accompagnait la chanson dâun joyeux tunk-a-tunk Ă la fin de chaque couplet, jusquâau moment oĂč il eut sommeil et sâĂ©tendit lui-mĂȘme sur le fourrage, Ă cĂŽtĂ© de Kala Nag. Enfin les Ă©lĂ©phants commencĂšrent Ă se coucher, lâun aprĂšs lâautre, selon leur coutume ; et bientĂŽt, Kala Nag, Ă la droite de la ligne, demeura seul debout il se balançait lentement, de ci de lĂ , les oreilles tendues en avant pour Ă©couter le vent du soir qui soufflait tout doucement Ă travers les montagnes. Lâair Ă©tait rempli de tous les bruits de la nuit, qui, rassemblĂ©s, font un seul grand silence le clic-clac dâune tige de bambou contre lâautre, le froufrou dâune chose vivante dans lâĂ©paisseur de la brousse, le grattement et le cri Ă©touffĂ© dâun oiseau Ă demi rĂ©veillĂ© les oiseaux sont Ă©veillĂ©s dans la nuit beaucoup plus souvent quâon ne pense, une chute dâeau ; trĂšs loin⊠Petit Toomai dormit quelque temps⊠Quand il sâĂ©veilla, il faisait un Ă©clatant clair de lune, et Kala Nag veillait toujours, debout, les oreilles dressĂ©es. Petit Toomai se retourna dans le fourrage bruissant, et considĂ©ra la courbe de lâĂ©norme dos sur le ciel dont il cachait la moitiĂ© des Ă©toiles ; et, pendant quâil regardait, il entendit, si loin que ce bruit faisait Ă peine comme une piqĂ»re dâĂ©pingle dans le silence, lâappel de cor dâun Ă©lĂ©phant sauvage. Tous les Ă©lĂ©phants, dans les lignes, sautĂšrent sur leurs pieds, comme frappĂ©s dâune balle, et leurs grognements finirent par rĂ©veiller les mahouts endormis ; ceux-ci sortirent et frappĂšrent sur les chevilles des piquets avec de gros maillets, puis serrĂšrent telle corde et nouĂšrent telle autre, et tout redevint tranquille. Un des nouveaux Ă©lĂ©phants avait presque dĂ©chaussĂ© son piquet Grand Toomai enleva la chaĂźne de Kala Nag, la mit Ă lâautre comme entrave, le pied de devant reliĂ© au pied de derriĂšre, puis il enroula une tresse dâherbe Ă la jambe de Kala Nag, et lui dit de ne pas oublier quâil Ă©tait attachĂ© solidement. Il savait que lui-mĂȘme, son pĂšre et son grand-pĂšre, avaient fait la mĂȘme chose bien des centaines de fois. Kala Nag ne rĂ©pondit pas Ă cet ordre par son glouglou habituel. Il resta immobile, regardant au loin Ă travers le clair de lune, la tĂȘte un peu relevĂ©e, les oreilles dĂ©ployĂ©es comme des Ă©ventails, vers les grandes ondulations que faisaient les montagnes de Garo. â Fais-y attention, sâil est agitĂ© cette nuit ! dit Grand Toomai Ă Petit Toomai. Et il rentra dans la hutte et se rendormit. Petit Toomai Ă©tait juste sur le point de se rendormir aussi, quand il entendit la corde de caire fibre de cocotier se rompre avec un petit tintement. Et Kala Nag roula hors de ses piquets, aussi lentement et silencieusement que roule un nuage hors dâune vallĂ©e. Petit Toomai trottina derriĂšre lui, nu-pieds sur la route, dans le clair de lune, appelant Ă voix basse â Kala Nag ! Kala Nag ! Prends-moi avec toi, ĂŽ Kala Nag ! LâĂ©lĂ©phant se retourna, sans bruit, revint de trois pas en arriĂšre, abaissa sa trompe, enleva lâenfant sur son cou, et, avant que Petit Toomai eĂ»t seulement fixĂ© ses genoux, il se glissait dans la forĂȘt. Il vint des lignes une fanfare de furieux barrissements ; puis, le silence se referma sur toutes choses, et Kala Nag se mit en marche. Quelquefois une touffe de hautes herbes balayait ses flancs tout du long comme une vague balaye les flancs dâun navire, et quelquefois un bouquet pendant de poivriers sauvages grattait son dos dâun bout Ă lâautre, ou bien un bambou craquait au frĂŽlement de son Ă©paule ; mais, entre temps, il se mouvait sans aucun bruit, dĂ©rivant Ă travers lâĂ©paisse forĂȘt de Garo comme Ă travers une fumĂ©e. Il suivait une route montante, mais, bien que Petit Toomai guettĂąt les Ă©toiles par les Ă©claircies des arbres, il nâeĂ»t pu dire dans quelle direction. Enfin Kala Nag atteignit la crĂȘte et sâarrĂȘta une minute, et Petit Toomai put voir les cimes des arbres, comme une fourrure tachetĂ©e qui sâĂ©tendait sous le clair de lune Ă des milles et des milles, et le brouillard dâun blanc bleuĂątre, sur la riviĂšre, dans le fond. Toomai se pencha en avant, regarda, et il sentit que la forĂȘt Ă©tait Ă©veillĂ©e au-dessous de lui, Ă©veillĂ©e, vivante et pleine dâĂȘtres. Une de ces grosses chauves-souris brunes, qui se nourrissent de fruits, lui effleura lâoreille ; les piquants dâun porc-Ă©pic cliquetĂšrent sous bois ; et, dans lâobscuritĂ©, entre les troncs dâarbres, il entendit un sanglier qui fouillait avec ardeur la chaude terre molle et flairait en fouillant. Puis les branches se refermĂšrent sur sa tĂȘte, et Kala Nag se mit Ă descendre la pente de la vallĂ©e, non plus paisiblement, cette fois, mais comme un canon Ă©chappĂ© descend un talus Ă pic, dâun Ă©lan. Les Ă©normes membres se mouvaient avec une rĂ©gularitĂ© de pistons, par enjambĂ©es de huit pieds, et lâon entendait des froissements de peau ridĂ©e au pli des articulations. Les broussailles Ă©ventrĂ©es craquaient de chaque cĂŽtĂ© avec un bruit de toile dĂ©chirĂ©e ; les jeunes pousses quâil Ă©cartait de droite et de gauche avec ses Ă©paules rebondissaient en arriĂšre et lui cinglaient les flancs ; de grandes traĂźnĂ©es de lianes emmĂȘlĂ©es et compactes pendaient de ses dĂ©fenses, tandis quâil jetait la tĂȘte de part et dâautre et se creusait son chemin. Alors, Petit Toomai sâaplatit contre le grand cou, de peur quâune branche ballante ne le balayĂąt sur le sol, et il souhaita se retrouver encore dans les lignes. Lâherbe devenait marĂ©cageuse, et les pieds de Kala Nag pompaient et collaient Ă terre quand ils les posait, et le brouillard de la nuit, au fond de la vallĂ©e, glaçait Petit Toomai. Il y eut des Ă©claboussures et un pataugement, une poussĂ©e dâeau rapide, et Kala Nag entra dans le lit dâune riviĂšre, en tĂątant sa route Ă chaque pas. Par-dessus le bruit du courant qui tourbillonnait autour des fortes jambes, Petit Toomai pouvait entendre dâautres Ă©claboussures et de nouvelles fanfares en amont et en aval, des grognements Ă©normes, des ronflements de colĂšre ; et, dans le tout alentour, comme des vagues, roulaient des brouillards ombres. â HĂ© ! dit-il Ă demi-voix, et ses dents claquĂšrent. Le peuple des Ă©lĂ©phants est dehors ce soir. Câest la danse, alors ! Kala Nag sortit de lâeau avec fracas, souffla dans sa trompe pour lâĂ©claircir, et commença une nouvelle ascension ; mais cette fois, il nâĂ©tait plus seul, et nâavait plus Ă se frayer de chemin. CâĂ©tait dĂ©jĂ chose faite sur six pieds de large, en droite ligne devant lui, toute courbĂ©e, lâherbe de la jungle essayait de se redresser et de se tenir. Beaucoup dâĂ©lĂ©phants devaient avoir suivi cette voie quelques minutes auparavant. Petit Toomai se retourna, et, derriĂšre lui, un grand sauvage porte-dĂ©fenses, aux petits yeux de pourceau, brillants comme la braise, Ă©mergeait tout juste de la riviĂšre embrumĂ©e. Puis, les arbres se refermĂšrent encore, et ils continuĂšrent de monter, avec des fanfares et des cris et le bruit des branches brisĂ©es tout alentour. Ă la fin, Kala Nag sâarrĂȘta entre deux troncs dâarbres, au sommet de la montagne ils faisaient partie dâune enceinte poussĂ©e autour dâun espace irrĂ©gulier de trois ou quatre acres environ, et, sur tout cet espace, Petit Toomai pouvait le voir, le sol avait Ă©tĂ© foulĂ© jusquâĂ devenir aussi dur quâun carrelage de briques. Quelques arbres sâĂ©levaient au centre de la clairiĂšre, mais leur Ă©corce Ă©tait usĂ©e, et le bois mĂȘme apparaissait au-dessous, brillant et poli, sous les taches de clair de lune. Des lianes pendaient des branches supĂ©rieures, dont les fleurs en forme de cloches, grands liserons dâun blanc de cire, tombaient comme alourdis de sommeil jusquâĂ terre. Mais, dans les limites de la clairiĂšre, il nây avait pas un brin de verdure rien que la terre foulĂ©e ; le clair de lune lui donnait une teinte gris fer, exceptĂ© çà et lĂ oĂč se tenaient quelques Ă©lĂ©phants dont les ombres Ă©taient noires comme de lâencre. Petit Toomai regardait en retenant sa respiration, les yeux presque hors de la tĂȘte ; et, tandis quâil regardait, des Ă©lĂ©phants toujours plus nombreux sortaient dâentre les troncs dâarbres, en se balançant, pour entrer dans lâespace ouvert. Petit Toomai ne savait compter que jusquâĂ dix ; il compta et recompta sur ses doigts, jusquâĂ ce quâil perdĂźt son compte de dizaines, et la tĂȘte commença de lui tourner. En dehors de la clairiĂšre, il pouvait entendre le fracas des Ă©lĂ©phants dans la brousse, comme ils se frayaient un chemin vers le sommet de la montagne ; mais, aussitĂŽt arrivĂ©s dans le cercle des troncs dâarbres, ils se mouvaient comme des fantĂŽmes. Il y avait lĂ des mĂąles sauvages aux dĂ©fenses blanches, avec des feuilles mortes, des noix et des branchettes restĂ©es dans les plis de leurs cous et de leurs oreilles ; de grasses femelles nonchalantes avec leurs petits Ă©lĂ©phants dâun noir rosĂ©, hauts de trois ou quatre pieds Ă peine, qui ne pouvaient rester en place et couraient sous leurs mamelles ; de jeunes Ă©lĂ©phants dont les dĂ©fenses commençaient juste Ă pointer, et qui sâen montraient tout fiers ; de flasques et maigres femelles, restĂ©es vieilles filles, avec leurs inquiĂštes faces creuses et des trompes dâĂ©corce rude ; de vieux solitaires sillonnĂ©s, de lâĂ©paule au flanc, des cicatrices et des balafres dâautrefois, et les gĂąteaux de boue de leurs baignades Ă lâĂ©cart pendant encore de leurs Ă©paules ; et il y avait un Ă©lĂ©phant avec une dĂ©fense brisĂ©e et les marques du plein assaut, le terrible sillon des griffes dâun tigre Ă son flanc. Ils se faisaient vis-Ă -vis, ou se promenaient de long en large, deux Ă deux, ou restaient Ă se balancer et Ă se dandiner tout seuls. Il y en avait des vingtaines et des vingtaines. Toomai savait quâaussi longtemps quâil resterait tranquille sur le cou de Kala Nag, aucun mal ne pouvait lui arriver car un Ă©lĂ©phant sauvage, mĂȘme dans lâavalanche du keddah, ne lĂšverait pas sa trompe pour arracher un homme du cou dâun Ă©lĂ©phant apprivoisĂ© ; et ceux-lĂ ne pensaient guĂšre aux hommes cette nuit. Un moment, ils tressaillirent et dressĂšrent les oreilles en avant on entendait sonner les fers dâun anneau de pied dans la forĂȘt. Mais câĂ©tait Pudmini, lâĂ©lĂ©phante favorite de Petersen Sahib, sa chaĂźne cassĂ©e court, qui gravissait, grognant et soufflant, le flanc de la montagne ; elle devait avoir brisĂ© ses piquets, et venir droit du camp de Petersen Sahib. Et Petit Toomai vit un autre Ă©lĂ©phant, quâil ne connaissait pas, avec de profondes Ă©corchures faites par les cordes sur le dos et le poitrail. Lui aussi devait sâĂȘtre Ă©chappĂ© dâun camp Ă©tabli dans les montagnes dâalentour. Enfin on nâentendit plus dâĂ©lĂ©phants marcher dans la forĂȘt, et Kala Nag roula pesamment dâentre les arbres et sâavança au milieu de la foule, gloussant et gargouillant ; et tous les Ă©lĂ©phants commencĂšrent Ă sâexprimer dans leur langage et Ă se mouvoir çà et lĂ . Toujours couchĂ©, Petit Toomai dĂ©couvrait des vingtaines et des vingtaines de larges dos, des oreilles branlantes, des trompes ballottantes, et de petits yeux roulants. Il entendait le cliquetis des dĂ©fenses lorsquâelles sâentrecroisaient par hasard ; le bruissement sec des trompes enlacĂ©es ; le frottement des flancs et des Ă©paules Ă©normes, dans la cohue ; lâincessant flic flac et le hissh des grandes queues. Puis, un nuage couvrit la lune, et ce fut la nuit noire ; mais les poussĂ©es, les froissements et les gargouillements nâen continuĂšrent pas moins, paisibles et rĂ©guliers. Lâenfant savait Kala Nag entourĂ© dâĂ©lĂ©phants, et ne voyait aucune chance de le faire sortir de lâassemblĂ©e ; il serra les dents et frissonna. Dans un keddah au moins, il y avait la lumiĂšre des torches et les cris, mais, ici, il Ă©tait tout seul dans les tĂ©nĂšbres, et, une fois, une trompe se leva et lui toucha le genou. Ensuite un Ă©lĂ©phant trompeta, et tous lâimitĂšrent pendant cinq ou dix terribles secondes. La rosĂ©e pleuvait des arbres, en larges gouttes, sur les dos invisibles. Et un bruit sâĂ©leva, sourd grondement peu prononcĂ© dâabord, et Petit Toomai nâaurait pu dire ce que câĂ©tait ; le bruit monta, monta, et Kala Nag levait ses pieds de devant lâun aprĂšs lâautre, et les reposait sur le sol, â une, deux, une deux ! â avec autant de prĂ©cision que des marteaux de forge. Les Ă©lĂ©phants frappaient du pied maintenant tous ensemble, et cela sonnait comme un tambour de guerre battu Ă la bouche dâune caverne. La rosĂ©e tombait toujours des arbres, jusquâau moment oĂč il nâen resta plus sur les feuilles ; et le sourd roulement continuait, le sol oscillait et frissonnait, si bien que Petit Toomai mit ses mains sur ses oreilles pour ne plus entendre. Mais câĂ©tait toute une vibration, immense, qui le parcourait tout entier, le heurt de ces centaines de pieds si lourds sur la terre Ă cru. Une fois ou deux, il sentit Kala Nag et tous les autres avancer de quelques pas, et le pilonnement devint alors un bruit de verdures Ă©crasĂ©es, dont la sĂšve giclait ; mais, une minute ou deux plus tard, câĂ©tait de nouveau le roulement des pieds sur la terre durcie. Un arbre craquait et gĂ©missait quelque part prĂšs de lui. Il tendit le bras et sentit lâĂ©corce, mais Kala Nag avança, toujours piĂ©tinant, et lâenfant ne savait plus oĂč il Ă©tait dans la clairiĂšre. Les Ă©lĂ©phants ne donnaient plus signe de vie. Une fois seulement, deux ou trois petits piaillĂšrent ensemble ; alors, il entendit un coup sourd et le bruit dâune bagarre, et le pilonnement reprit. Maintenant, il y avait bien deux grandes heures que cela durait, et Petit Toomai souffrait dans chacun de ses nerfs ; mais il sentait, Ă lâodeur de lâair, dans la nuit, que lâaube allait venir. Le matin parut en une nappe de jaune pĂąle derriĂšre les collines vertes ; et, avec le premier rayon, le piĂ©tinement sâarrĂȘta, comme si la lumiĂšre eĂ»t Ă©tĂ© un ordre. Avant que le bruit eĂ»t fini de rĂ©sonner dans la tĂȘte de Petit Toomai, avant mĂȘme quâil eĂ»t changĂ© de position, il nây avait plus en vue un seul Ă©lĂ©phant, sauf Kala Nag, Pudmini et lâĂ©lĂ©phant marquĂ© par les cordes ; et aucun signe, aucun murmure ni chuchotement sur les pentes des montagnes, ne laissait deviner oĂč les autres sâen Ă©taient allĂ©s. Toomai regarda de tous ses yeux. La clairiĂšre, autant quâil sâen souvenait, sâĂ©tait Ă©largie pendant la nuit. Il y avait un grand nombre dâarbres debout dans le milieu, mais lâenceinte de broussaille et dâherbe de jungle avait Ă©tĂ© reculĂ©e. Petit Toomai regarda une fois encore ; maintenant il comprenait le pilonnement. Les Ă©lĂ©phants avaient Ă©largi lâespace foulĂ©, rĂ©duit en litiĂšre, Ă force de piĂ©tiner, lâherbe Ă©paisse et les cannes juteuses, la litiĂšre en brindilles, les brindilles en fibres menues, et les fibres en terre durcie. â Ouf ! dit Petit Toomai, â et ses paupiĂšres lui semblaient trĂšs lourdes ; â Kala Nag, monseigneur, ne quittons pas Pudmini, et retournons au camp de Petersen Sahib, ou bien je vais tomber de ton cou. Le troisiĂšme Ă©lĂ©phant regarda partir les deux autres, renĂącla, fit volte-face, et reprit la route par laquelle il Ă©tait venu. Il devait appartenir Ă quelque Ă©tablissement de petit prince indigĂšne, Ă cinquante, soixante ou cent milles de lĂ . Deux heures plus tard, comme Petersen Sahib prenait son premier dĂ©jeuner, ses Ă©lĂ©phants, dont les chaĂźnes avaient Ă©tĂ© doublĂ©es cette nuit-lĂ , commencĂšrent Ă trompeter, et Pudmini, crottĂ©e jusquâaux Ă©paules, avec Kala Nag clopinant sur ses pieds endoloris, firent leur entrĂ©e dans le camp. Le visage de Petit Toomai Ă©tait blĂȘme et tirĂ©, sa chevelure pleine de feuilles et trempĂ©e de rosĂ©e, mais lâenfant fit le geste de saluer Petersen Sahib, et cria dâune voix dĂ©faillante â La danseâŠ, la danse des Ă©lĂ©phants ! Je lâai vue⊠et je meurs ! Et comme Kala Nag se couchait, il glissa de son dos, Ă©vanoui. Mais les enfants indigĂšnes nâont pas de nerfs dont il vaille la peine de parler au bout de deux heures, il se rĂ©veillait, confortablement allongĂ© dans le hamac de Petersen Sahib, avec la veste de chasse de Petersen Sahib sous la tĂȘte, un verre de lait chaud additionnĂ© dâun peu dâeau-de-vie et dâune pointe de quinine dans le ventre ; et, tandis que les vieux chasseurs des jungles, velus et balafrĂ©s, assis sur trois rangs de profondeur devant lui, le regardaient comme sâil Ă©tait un revenant, il raconta son histoire en mots naĂŻfs, Ă la maniĂšre des enfants, et conclut â Maintenant, si je mens dâun seul mot, envoyez des hommes pour voir ; et ils trouveront que les Ă©lĂ©phants, en piĂ©tinant, ont agrandi leur salle de bal, et ils trouveront des dizaines et des dizaines et beaucoup de fois de dizaines de traces conduisant Ă cette salle de bal. Ils lâont agrandie avec leurs pieds. Je lâai vu. Kala Nag mâa pris avec lui, et jâai vu. MĂȘme, Kala Nag a les jambes trĂšs fatiguĂ©es. Petit Toomai se renversa en arriĂšre et dormit tout lâaprĂšs-midi, et dormait encore au crĂ©puscule ; et, pendant quâil dormait, Petersen Sahib et Machua Appa suivirent la trace des deux Ă©lĂ©phants, sur un parcours de quinze milles Ă travers les montagnes. Petersen Sahib avait passĂ© dix-huit ans de sa vie Ă prendre des Ă©lĂ©phants, et il nâavait quâune seule fois jusque-lĂ dĂ©couvert une semblable salle de bal. Machua Appa nâeut pas besoin de regarder deux fois la clairiĂšre pour voir ce qui sâĂ©tait passĂ©, ni de gratter de lâorteil la terre compacte et battue. â Lâenfant dit vrai, prononça-t-il. Tout cela sâest fait la nuit derniĂšre, et jâai comptĂ© soixante-dix pistes qui traversent la riviĂšre. Voyez, Sahib, oĂč lâanneau de fer de Pudmini a entamĂ© lâĂ©corce de cet arbre ! Oui, elle Ă©tait lĂ aussi. Ils sâentre-regardĂšrent, puis leurs yeux errĂšrent de haut en bas ; et ils sâĂ©merveillĂšrent car les coutumes des Ă©lĂ©phants dĂ©passent la portĂ©e dâesprit dâaucun homme noir ou blanc. â Quarante-cinq annĂ©es, â dit Machua Appa, â jâai suivi monseigneur lâĂlĂ©phant, mais jamais je nâai entendu dire quâun enfant dâhomme ait vu ce que cet enfant a vu. Par tous les dieux des montagnes, câest⊠que peut-on dire ?⊠Et il secoua la tĂȘte. Lorsquâils revinrent au camp, câĂ©tait lâheure du souper. Petersen Sahib mangeait seul dans sa tente, mais il donna des ordres pour quâon distribuĂąt deux moutons et quelques volailles, avec une double ration de farine, de riz et de sel, car il savait quâil y aurait fĂȘte. Grand Toomai, en toute hĂąte, Ă©tait montĂ© de la plaine pour se mettre en quĂȘte de son fils et de son Ă©lĂ©phant, et, maintenant quâil les avait trouvĂ©s, il les regardait comme sâil avait eu peur de tous deux. Et il y eut fĂȘte, en effet, autour des grands feux de camp qui flambaient sur le front des lignes dâĂ©lĂ©phants au piquet, et Petit Toomai en fut le hĂ©ros. Les grands chasseurs dâĂ©lĂ©phants, Ă la peau bronzĂ©e, traqueurs, conducteurs et lanceurs de cordes, et ceux qui savent tous les secrets pour dompter les Ă©lĂ©phants les plus sauvages, se le passĂšrent lâun Ă lâautre, et lui firent une marque sur le front avec le sang du cĆur mĂȘme dâun coq de jungle fraĂźchement tuĂ©, pour montrer quâil Ă©tait un forestier, initiĂ©, Ă prĂ©sent, et libre dans toute lâĂ©tendue des jungles. Et, Ă la fin, quand les flammes tombĂšrent et moururent, et quâaux reflets rouges de la braise les Ă©lĂ©phants apparurent comme sâils avaient Ă©tĂ© trempĂ©s aussi dans le sang, Machua Appa, le chef de tous les rabatteurs de tous les keddahs, Machua Appa, lâAlter ego de Petersen Sahib, qui nâavait jamais vu une route tracĂ©e en quarante ans, Machua Appa, si grand, si grand, quâon ne lâappelait jamais autrement que Machua Appa, sauta sur ses pieds en Ă©levant Petit Toomai Ă bout de bras au-dessus de sa tĂȘte, et cria â Ăcoutez, frĂšres ! Ăcoutez aussi, vous, messeigneurs, lĂ , dans les lignes, car câest moi, Machua Appa, qui parle ! Ce petit ne sâappellera plus Petit Toomai, mais Toomai des ĂlĂ©phants, comme son arriĂšre-grand-pĂšre fut appelĂ© avant lui. Ce que jamais homme nâa vu, il lâa vu durant la longue nuit, et la faveur du peuple Ă©lĂ©phant et des dieux des jungles est avec lui. Il deviendra un grand traqueur, il deviendra plus grand que moi, oui moi, Machua Appa ! Il suivra la piste fraĂźche, la piste Ă©ventĂ©e et la piste mĂȘlĂ©e, dâun Ćil clair ! Il ne lui arrivera pas de mal dans le keddah lorsquâil courra sous le ventre des solitaires afin de les garrotter, et sâil glisse sous les pieds dâun mĂąle en train de charger, le mĂąle le reconnaĂźtra et ne lâĂ©crasera pas. Aihai ! messeigneurs, ici prĂšs dans les chaĂźnes, â cria-t-il en courant sur le front de la ligne de piquets, â voici le petit qui a vu vos danses au fond de vos retraites cachĂ©es, le spectacle que jamais homme ne vit ! Rendez-lui hommage, messeigneurs, Salaam Karo, mes enfants. Faites votre salut Ă Toomai des ĂlĂ©phants ! Gunya Pershad, ahaa ! Hira Guj, Birchi Guj, ahaa !⊠Et toi, Pudmini, tu lâas vu Ă la danse ; et toi aussi, Kala Nag, ĂŽ ma perle des ĂlĂ©phants !⊠Ahaa ! Ensemble ! Ă Toomai des ĂlĂ©phants ! Barrao ! Et au signal de cette clameur sauvage, la ligne entiĂšre des Ă©lĂ©phants leva ses trompes jusquâĂ ce que le bout de chacun touchĂąt le front, et ils entonnĂšrent le plein salut, lâĂ©clatante salve de trompettes, que seul entend le vice-roi des Indes, le Salaamut du Keddah. Mais, cette fois en lâunique honneur de Petit Toomai, qui avait vu ce que jamais homme ne vit auparavant, la danse des Ă©lĂ©phants, la nuit, tout seul, au cĆur des montagnes de Garo ! Lesmots confinĂ©s : « Ă©lĂ©phant ». Durant la pĂ©riode de quarantaine, Isabelle Mimouni, professeure de Lettres, vous a invitĂ© Ă dĂ©couvrir l'Ă©tymologie des mots qui ont accompagnĂ© ce moment si particulier â ceux que lui ont inspirĂ© sa chambre, lieu de confinement. Pour la derniĂšre publication de cette rubrique, elle a choisi Mon petit mondeLa vie d'une jeune adolescente, avec pleins de rĂȘves et de musique...A la recherche de l'amour je l'ai trouvĂ©! et du bonheur... Accueil Contact PubliĂ© le 29 dĂ©cembre 2007Quand on participe Ă un camp de jour, il faut sâattendre Ă chanter trĂšs fort et souvent. Quand on attend lâautobus, quand on marche, quand on est au parc⊠tous les moments sont bons pour se mettre Ă chanter. Voici une liste des paroles des meilleures chansons de camps de jours du QuĂ©bec. Je nâai pas mis toutes les chansons, car il y en a trop, mais les plus populaires. Des chansons faciles Ă apprendre que vos enfants vont adorer chanter durant lâĂ©tĂ©. Câest souvent des chansons Ă rĂ©pondre, donc câest interactif au a chi ka boumBoum bis Boum a chi ka boum bis Boum a chi ka wak a chi ka wak a chi ka boum bis En en bis Oh yeah bis Encore bis Variantes plus fort, moins fort, plus vite, moins vite, en dessous de lâeau, en rock and roll, en opĂ©ra, pâtits chatsTrois pâtits chats, trois pâtits chats, trois pâtits chats, chats, chats, Chapeau dâpaille, chapeau dâpaille, chapeau dâpaille, paille, paille, Paillasson, paillasson, paillasson, -son, -son, SomnambuleâŠ, Bulletin, TintamarreâŠ, MaraboutâŠ, Bout dâficelleâŠ, Selle de chevalâŠ, Cheval de TroieBoogie WoogieJe mets la main devant Je mets la main derriĂšre Je mets ma main devant Et je fais de tout petits ronds Je danse le boogie-woogie Je tourne en rond Et je mâen vais plus loin je fais un pas devant, un bond Ă droite, etc. ⊠le coude, ⊠le pied, ⊠la tĂȘte, ⊠les fesses, ⊠la langueUn KilomĂštre Ă piedUn kilomĂštre Ă pied, ça use, ça use Un kilomĂštre Ă pied, ça use les souliers. La peinture Ă lâhuile câest bien difficile Mais câest bien plus beau Que la peinture Ă lâeau Deux kilomĂštres Ă pied etcâŠ..Lâarbre est dans ses feuillesLâarbre est dans ses feuilles Marilon MarilĂ© Lâarbre est dans ses feuilles Marilon Don DĂ© Dans lâarbre, il y a une branche bis La branche est dans lâarbre Dans la branche, il y a un nĆud bis Le nĆud est dans la branche La branche est dans lâarbre Lâamour est dans le cĆur Le cĆur est dans lâoiseau Lâoiseau est dans lâĆuf LâĆuf est dans le nid Le nid est dans le trou Le trou est dans le nĆud Le nĆud est dans la branche La branche est dans lâarbreOn lĂšve les poucesOn lĂšve les pouces! Ah⊠Ouisti cha Ouisti cha Ouisti cha cha bis ⊠On colle les poignets! ⊠On colle les coudes! ⊠On sort le ventre! ⊠On sort les fesses! ⊠On colle les genoux! ⊠On sort la langue! ⊠On tourne en rond!Si tu aimes le soleilSi tu aimes le soleil, tape des mains bis Si tu aimes le soleil, Le printemps qui se rĂ©veille Si tu aimes le soleil, tape des mains! Tape de mains Tape des pieds Fait le train Crie hourra Fait tout ça On invente! Donne des becs Fait le loup Fait la vache Crie On tâaime nom » Fait tout çaUn Ă©lĂ©phantUn Ă©lĂ©phant qui se balançait Sur une toile, toile, toile, toile dâaraignĂ©e. CâĂ©tait un jeu tellement, tellement amusant Que tout Ă coup Ba Da BoumLe roi, la reine et le pâtit princeLundi matin, le roi, la reine et le pâtit prince, Sont venus chez-moi pour me serrer la pince. Mais comme jâĂ©tais parti, le petit prince a dit Puisque câest ainsi, nous reviendrons mardi ! » Mardi matin⊠etc. Mercredi matin⊠etc. Jeudi matin⊠etc. Vendredi matin⊠etc. Samedi matin⊠etc. Dimanche matin⊠puisque câest comme ça, nous ne reviendrons jamais ! »AlouetteAlouette, gentille alouette Alouette, je te plumerai Je te plumerai la tĂȘte Je te plumerai la tĂȘte Et la tĂȘte, et la tĂȘte Alouette, Alouette Oh, oh, oh, oh Alouette, gentille alouette Alouette, je te plumerai Je te plumerai le bec Je te plumerai le bec Et le bec, et le bec Et la tĂȘte, et la tĂȘte Alouette, Alouette Oh, oh, oh, oh Alouette, gentille alouette Alouette, je te plumerai Je te plumerai le cou Je te plumerai le cou Et le cou, et le cou Et le bec, et le bec Et la tĂȘte, et la tĂȘte Alouette, Alouette Oh, oh, oh, oh Alouette, gentille alouette Alouette, je te plumerai Je te plumerai les ailes Je te plumerai les ailes Et les ailes, et les ailes Et le cou, et le cou Et le bec, et le bec Et la tĂȘte, et la tĂȘte Alouette, Alouette Oh, oh, oh, oh Alouette, gentille alouette Alouette, je te plumerai Je te plumerai le dos Je te plumerai le dos Et le dos, et le dos Et les ailes, et les ailes Et le cou, et le cou Et le bec, et le bec Et la tĂȘte, et la tĂȘte Alouette, Alouette Oh, oh, oh, oh Alouette, gentille alouette Alouette, je te plumerai Je te plumerai les pattes Je te plumerai les pattes Et les pattes, et les pattes Et le dos, et le dos Et les ailes, et les ailes Et le cou, et le cou Et le bec, et le bec Et la tĂȘte, et la tĂȘte Alouette, Alouette Oh, oh, oh, oh Alouette, gentille alouette Alouette, je te plumerai Je te plumerai la queue Je te plumerai la queue Et la queue, et la queue Et les pattes, et les pattes Et le dos, et le dos Et les ailes, et les ailes Et le cou, et le cou Et le bec, et le bec Et la tĂȘte, et la tĂȘte Alouette, Alouette Oh, oh, oh, oh, ohDans La TroupeDans la troupe, yâa pas dâjambe de bois Yâa des nouilles, mais ça nâse voit pas ! La meilleure façon dâmarcher Câest encore la notre Câest de mettre un pied dâvant lâautre Et dârecommencer ! Un deux ! Un deux !Dans mon pays dâEspagneDans mon pays dâespagne olĂ© bis Ya un soleil comme ça bis Dans mon pays dâespagne olĂ© bis Ya un soleil comme ça bis Ya une montagne comme ça bis Dans mon pays dâespagne olĂ© bis Ya un soleil comme ça bis Ya une montagne comme ça bis Ya la mer comme ça bis Dans mon pays dâespagne olĂ© bis Ya un soleil comme ça bis Ya une montagne comme ça bis Ya la mer comme ça bis Ya un taureau comme ça bis Dans mon pays dâespagne olĂ© bis Ya un soleil comme ça bis Ya une montagne comme ça bis Ya la mer comme ça bis Ya un taureau comme ça bis Ya un chanteur comme ça bis⊠Ya une guitare comme çaâŠâŠLa boule de gommeOn lâappelle Boule de gomme Câest un pâtit homme charmant Qui mĂąche du chewing-gum Pour se blanchir les dents Il danse le jive en vogue La danse amĂ©ricaine Et dans le boogie-woogie Faut voir comme iâ sâdĂ©mĂšne Meilleur danseur DâlâĂlysĂ©e Ă la rue Francoeur On lâappelle Boule de gomme Il est joli garçon Pas plus haut que trois pommes Mais gai comme un pinson Les femmes sont folles de lui En voici la raison Câest quâdans lâboogie-woogie Il donne le grand frisson Au maximum Le pâtit bout de Boule de gomme Une riche Ă©trangĂšre Fille dâun roi du whisky Qui visitait la Terre un jour vint Ă Paris Sâen fut dans tous le bars prendre un Coca-Cola Et dans tous les dancings, elle rĂ©pĂ©tait comme ça Pleine dâĂ©motion Sâadressant Ă tous les garçons Oh, je veux voir Boule de gomme Le petit homme charmant Qui mĂąche du chewing-gum Pour se blanchir les dents Je serai folle de lui sans aucune raison Si dans le boogie-woogie Il donne le grand frisson Au maximum Le petit bout de Boule de gomme » Elle lâa rencontrĂ© De suite, ils se sont plu AprĂšs avoir dansĂ© Betty nây tenant plus Ăcrivit Ă son pĂšre LĂ -bas en AmĂ©rique Plus tard, ils se mariĂšrent CĂ©rĂ©monie trĂšs chic Et maintenant Ils Ă©coutent chanter leurs enfants Les petits Boule de gomme Sont des enfants charmants Qui bientĂŽt feront tout comme Leurs papa et maman Ils auront des enfants Qui mĂącheront du chewing-gum Au maximum Les petits bouts de Boule de gomme Au maximum Les pâtits bouts de Boule de gomme Au maximum Les petits bouts de Boule de gommeLa chasse au lionJe mâen vais chasser le lion Bis Je nâai pas peur des fleurs des belles journĂ©es ensoleillĂ©s Ho hoMais quâest-ce que je vois ? Un arbre Jâpeux pas passer par-dessus Jâpeux pas passer par dessous Jâpeux pas passer par les cĂŽtĂ©s Quâest-ce que je fais ? Bis Jâgrimpe mâen vais chasser le lion Bis Je nâai pas peur des fleurs des belles journĂ©es ensoleillĂ©es Ho hoMais quâest-ce que je vois ? Une riviĂšre Jâpeux pas passer par-dessus, Jâpeux pas passer par dessous, Jâpeux pas passer par les cĂŽtĂ©s Mais quâest-ce que je fais ? Jâplonge mâen vais chasser le lion Bis Je nâai pas peur des fleurs des belles journĂ©es ensoleillĂ©es Ho hoMais quâest-ce que je vois ? Un lion Jâpeux pas passer par-dessus, Jâpeux pas passer par dessous, Jâpeux pas passer par les cĂŽtĂ©s Mais quâest-ce que je fais ? Bis Jâfais dur !Les crocodilesYâavait des crocodiles et des orang-outangs Des affreux reptiles et des jolis moutons blancs Yâavait des chats, des rats, des Ă©lĂ©phants Il ne manquait personne Pas mĂȘme les deux lionnes et la licorne Quand le bateau fut prĂȘt Ă surmonter les flots NoĂ© fit monter les animaux deux par deux Et quand la pluie sâest mise Ă tomber NoĂ© sâĂ©criĂąt Seigneur! Je fais de mon mieux! » Yâavait une mouffette et un serpent Ă sonnettes Un camĂ©lĂ©on et des jolis papillons Yâavait un chien, deux lapins, puis trois maringouins Il ne manquait personne Pas mĂȘme le koala et son ami le panda Yâavait des hippopotames et des jolis iguanes Des rhinocĂ©ros et des chameaux Ă deux bosses Yâavait des pies, des fourmis et des souris Yâavait du monde partout Yâavait des kangourous et des jolis petits poux Quand le camion de Jean-Guy roulait sur lâautoroute Jean-Guy fit monter les quatre par quatre deux par deux Yâavait des Toyotas, des Fords, des Chevrolets Il ne manquait personne Pas mĂȘme les deux pâtites Jeeps et la jolie AudiImagine et ses 10 doigtsJâai 10 doigts et ils sont tous Ă moi Je peux les mettre en haut Je peux les mettre en bas Je peux les Ă©loigner Je peux les rapprocher Je peux les plier Je peux les dĂ©plier Je peux les croiser Je peux les dĂ©croiser Je peux les gratter Je peux les chatouiller Et je peuxâŠ. les cacher!Dâautres paroles de chansons Ă dĂ©couvrirLes paroles de lâintro de lâĂ©mission WatatatowLes paroles du rap de Jean-Lou Duval de Radio-EnferLes paroles de la chanson des publicitĂ©s de Barbies Resto Bar GrillLes paroles de lâintro de lâĂ©mission Les IntrĂ©pidesLes paroles du Menu ChantĂ© des publicitĂ©s de McDonaldLes paroles de la chanson de lâĂ©mission RĂ©mi sans familleLes paroles de lâĂ©mission jeunesse Sur la rue TabagaLes paroles de la fameuse chanson des publicitĂ©s du Clan PannetonLes paroles de la chansons des publicitĂ©s DĂ©mĂ©nagement La CapitaleLes paroles en français de la chanson Hakuna Matata du film Roi Lion
Lamarche des Ă©lĂ©phants de Mymi Doinet - Collection ScĂ©nario nature - Livraison gratuite Ă 0,01⏠dĂšs 35⏠d'achat - Librairie Decitre votre prochain livre est lĂ Apparemment, javascript est dĂ©sactivĂ© sur votre navigateur. Suite de l'article sur le symbolisme de l'Ă©lĂ©phant commencĂ© le 1er juin Pour David Carson, auteur de Communiquer avec les animaux totems, puisez dans les qualitĂ©s animales une aide et une inspiration au quotidien Watkins Publishing, 2011 ; traduction française Ăâ°ditions VĂ©ga, 2011, L'Ă©lĂ©phant appartient Ă la famille des QualitĂ©s intĂ©rieures, au mĂÂȘme titre que le serpent, la taupe, la tortue, le faucon, le singe, le phĂ©nix, le jaguar, le chat, l'araignĂ©e, le loup, le lion, l'ours grizzly, le corbeau et la corneille, le gorille, le crocodile, le bison et le dragon. QualitĂ©s intĂ©rieures Le rythme effrĂ©nĂ© du monde dans lequel nous vivons - exigences du travail, Ă©volution technologique et pressions financiĂšres - nous fait aisĂ©ment oublier notre parentĂ© aux animaux. Il est encore plus facile de nĂ©gliger notre esprit animal, personnel et intĂ©rieur, oĂÂč nous pouvons puiser force, sagesse et conseils. Il existe diverses façons de nous reconnecter Ă nos guides intĂ©rieurs. L'une d'elles est de fournir un effort conscient pour trouver l'animal qui compense les faiblesses que nous sentons en nous-mĂÂȘmes - le lion peut par exemple nous aider Ă combattre notre timiditĂ©. Une autre approche consiste Ă identifier un ou plusieurs animaux avec lesquelles nous sentons une affinitĂ© particuliĂšre et Ă travailler en lien Ă©troit avec eux sur une large gamme de problĂšmes et de peurs. Ce chapitre sonde les crĂ©atures susceptibles d'offrir un Ă©clairage intĂ©rieur particulier sur notre caractĂšre et notre psychĂ©. [...] L'altruisme est dĂ©fini dans le dictionnaire comme le souci, la bontĂ© et la considĂ©ration gĂ©nĂ©reuse pour le bonheur d'autrui. Par leur attitude envers le bien-ĂÂȘtre de leur famille, les Ă©lĂ©phants illustrent ces merveilleuses qualitĂ©s. Plus grands animaux terrestres de la planĂšte, ils prennent pourtant soin de leurs petits et des aĂnĂ©s avec une grande tendresse. Ces pachydermes exercent leur comportement social autour de groupes matriarcaux solidement constituĂ©s, composĂ©s de mĂšres, filles, tantes, sĂ âurs et de jeunes Ă©lĂ©phants des deux sexes. Les mĂÂąles adultes mĂšnent des vies beaucoup plus solitaires. Toutes les femelle participent Ă l'Ă©ducation des jeunes, offrant protection et conseils, mais il y a gĂ©nĂ©ralement une chef de famille plus ĂÂągĂ©e, qui dĂ©cide des migrations de la horde pour la recherche d'eau et de nourriture. Les Ă©lĂ©phants nous rappellent nos propres dispositions Ă nous occuper des autres et notre pouvoir de les protĂ©ger et de les guider. Contrairement Ă beaucoup dĂąâŹâąautres animaux, l'Ă©lĂ©phant n'est ni un chasseur ni un prĂ©dateur naturel. Sa force vient de sa grande taille et de son altruisme. Le fait que ce pouvoir soit essentiellement fĂ©minin est significatif. L'Ă©lĂ©phant nous parle de cette force fĂ©minine, celle inscrite dans l'attention aux autres, dans la protection des faibles et des petits et dans l'aide Ă ceux qui n'y arrivent pas seuls. L'Ă©lĂ©phant est l'incarnation du doux gĂ©ant. Nous avons tous une force masculine et fĂ©minine en nous - yin et yang, ou ce que Carl Jung appelle anima et animus. Quand nous sommes en harmonie physique, Ă©motionnelle et spirituelle, nos aspects mĂÂąle et femelle agissent en synergie. L'esprit Ă©lĂ©phant nous invite Ă mettre en pratique nos puissantes qualitĂ©s fĂ©minines. Si cet animal vous apparaĂt ou vous attire que vous soyez homme ou femme, vous ĂÂȘtes peut-ĂÂȘtre appelĂ© Ă vous occuper de votre clan ou d'un personne de votre cercle. On vous suggĂšre peut-ĂÂȘtre d'ĂÂȘtre leur protecteur, avec affichage menaçant d'audace trompĂ©tante. Ces conseils vous viennent de l'Ă©lĂ©phant qui vous rappelle Ă vos vieux instincts vainqueur dĂąâŹâąobstacles, Dieu du succĂšs Ganesh est l'une des cinq divinitĂ©s les plus importantes de la religion hindouiste. Il possĂšde un corps humain et une surprenante tĂÂȘte d'Ă©lĂ©phant complĂ©tĂ©e de grandes oreilles, d'une trompe et de dĂ©fenses incurvĂ©es. Les grandes oreilles de Ganesh nous rappellent qu'il nous Ă©coute lorsque nous faisons appel Ă ses pouvoirs. Sa tĂÂȘte reprĂ©sente l'ĂÂąme, et son corps, les illusions de la vie. Sa trompe transmet le son primal "om", son antique d'ultime vĂ©ritĂ© cosmique. Arborant une large bedaine, Ganesh Ă©crase le mal et dĂ©truit les obstacles. Maintes histoires illustrent l'amour de Ganesh pour l'intelligence et le savoir - il est fortement associĂ© Ă l'Ă©ducation, Ă la connaissance et Ă la sagesse, ainsi qu'Ă la prospĂ©ritĂ©. On dit que les obstacles sur le chemin de votre Ă©volution spirituelle ou mĂÂȘme matĂ©rielle sont aisĂ©ment balayĂ©s lorsque vous invoquez Ganesh. Il est souvent reprĂ©sentĂ© Ă dos de souris, ce qui symbolise peut-ĂÂȘtre l'idĂ©e que si nous travaillons dur sur de petites choses, nos grands problĂšmes se rĂ©soudront naturellement."* * Dans son jeu de carte L'Oracle du peuple animal Guy TrĂ©daniel Ăâ°diteur, 2016, Arnaud Riou regroupe les animaux par famille. L'Ă©lĂ©phant appartient selon lui Ă la famille de l'action, avec le bĂ©lier, le colibri, l'ours, le renard, le cheval, le bison, le requin, le castor et le dragon. "Au-delĂ de nos concepts, de nos belles thĂ©ories, de nos idĂ©es et de nos valeurs, le passage Ă l'acte est une dimension fondamentale de notre humanitĂ©. Nous avons beau avoir le plus bel idĂ©al, nous ne serons pas heureux tant que nous ne l'aurons pas rĂ©alisĂ©. De la mĂÂȘme façon, si nous passons Ă l'action en permanence sans prendre le temps de ressentir Ă quels besoins fondamentaux correspondent les actions que nous entreprenons, nous ne resterons que dans la dimension superficielle de notre ĂÂȘtre et notre vie manquera de sens. Notre santĂ© s'appuie sur notre inspiration et notre expiration. Plus nous respirons profondĂ©ment, plus nos perspectives s'Ă©largissent. L'inspiration correspond Ă l'intuition, la mĂ©ditation, l'introspection, la sagesse. L'expiration correspond au passage Ă l'acte, Ă la dĂ©cision, Ă l'action compatissante. C'est alors tout un art de passer Ă l'action en s'appuyant sur une intention claire, sans pour autant y mettre trop de volontĂ©. C'est tout un art de n'ĂÂȘtre ni dans la procrastination, l'art de remettre Ă demain ce qu'il serait juste d'entreprendre aujourd'hui. C'est tout un art aussi de travailler quotidiennement sans tomber dans la surchauffe, la dĂ©pression ou le dĂ©couragement.[ La syntaxe fautive de cette fin de paragraphe n'est pas de mon fait ni... ni ? je recopie scrupuleusement l'article afin que chacun puisse se faire sa propre opinion.] La volontĂ© Ă©gotique est dure et empĂÂȘche la fluiditĂ© de nos actions. Lorsqu'il tire Ă l'arc, le samouraĂÂŻ est prĂ©cis sur le centre de la cible qu'il vise. Toute sa concentration est posĂ©e sur la qualitĂ© de sa posture. Puis, il dĂ©tend le pouce et l'index, et libĂšre la flĂšche. Il ne met aucun volontĂ© dans ce dernier mouvement. Poser une intention claire et passer Ă l'acte avec douceur et prĂ©cision est tout un art. C'est Ă cet art que nous invite cette famille d'animaux. [...]Notre puissance n'est pas notre aptitude Ă dĂ©truire,Mais Ă transformer en lumiĂšre ce qui peut Ă©clairer le monde....................................................................................................................................................La carte reprĂ©sente un groupe d'Ă©lĂ©phants en marche. Au premier plan, une grande femelle, une Ăâ°lĂ©phante d'Afrique aux dĂ©fenses imposantes. Elle semble Ă l'affĂ»t. Ses oreilles sont larges et Ă©tendues. A ses cĂÂŽtĂ©s, deux Ăâ°lĂ©phanteaux marchent en se tenant la trompe. D'autres Ăâ°lĂ©phanteaux accompagnent le mouvement. Le paysage orangĂ© nous rappelle les savanes en Afrique.................................................................................................................................................... LĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant est un animal maĂtre. Comme la baleine dans les ocĂ©ans, lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant incarne la sagesse sur la Terre. Sa lourdeur est proportionnelle Ă sa dĂ©licatesse et Ă sa conscience. LĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant d'Asie et lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant d'Afrique sont les seuls survivants des quelque trois cents espĂšces de mammifĂšres Ă trompe et Ă cornes qui ont peuplĂ© la Terre autrefois. La vie de lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant est trĂšs sociale. Les structures sont matriarcales. Ce sont les femelles qui dĂ©cident des mouvements de la troupe. Ce sont elles qui trouvent les sources d'eau. Car les Ăâ°lĂ©phants ont besoin de s'hydrater tous les jours et de consommer chaque jour deux cents kilos de fourrage. Ce qui les oblige Ă un mouvement et Ă un style de vie nomade. La structure matriarcale est trĂšs importante. Les mĂÂąles vivent seuls. LĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant est un animal pacifiste. MalgrĂ© sa taille et sa puissance, c'est un herbivore qui aspire Ă la paix. Ce pachyderme est fidĂšle et solidaire. Les petits sont protĂ©gĂ©s par le troupeau. Lorsqu'une mĂšre est abattue, lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phanteau prĂ©fĂšre gĂ©nĂ©ralement se laisser mourir auprĂšs d'elle que de suivre le clan. De plus, LĂąâŹâąĂâ°lĂ©phanteau a une grande mĂ©moire. On a vu des Ăâ°lĂ©phantes retrouver les os d'un petit disparu une annĂ©e aprĂšs sa mort et s'en sentir Ă©mues. La lenteur, la sagesse sont les qualitĂ©s de l'Ăâ°lĂ©phant. L'Ăâ°lĂ©phant dispose de la patience du non-agir, du courage, de la puissance d'action et du discernement nĂ©cessaire. LĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant n'agit que lorsque l'action peut ĂÂȘtre utile et maĂtrisĂ©e. Le reste du temps, il parcourt les kilomĂštres pacifiquement et dĂ©couvre son territoire. Son intuition et sa dĂ©licatesse sont telles qu'il semble capable d'entendre le dĂ©placement des nuages. Mots-clĂ©s La puissance - L'honneur - La fidĂ©litĂ© - La dignitĂ© - La mĂ©moire - La persĂ©vĂ©rance - Les structures solides - les fondements - Le pouvoir - La rĂ©ussite - Le discernement - Le bon sens. Lorsque lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant vous apparaĂt dans le tirage, c'est pour vous interroger sur la structure de vos initiatives. LĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant marche lentement, il fait un pas aprĂšs l'autre. Se mouvoir demande de l'effort. C'est pourquoi il Ă©vite les mouvements inutiles, les allers-retours incessants. LĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant dans le tirage vient vous proposer de mener Ă bout ce qui vous tient Ă cĂ âur. L'ĂÂȘtre qui est accompagnĂ© par lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant est souvent un homme de pouvoir. LĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant vous accompagnera Ă mener Ă bien des projets humanitaires, politiques, sociaux. Il a la puissance pour relever des dĂ©fis d'envergure, pour vous aider Ă prendre une place centrale dans une nĂ©gociation, dans une dĂ©cision. CoopĂ©rer avec l'esprit de lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant, c'est prendre sa place sur la Terre, imposer des idĂ©es novatrices. LĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant vous invite Ă dĂ©fendre votre territoire, mais de façon non belliqueuse, totalement pacifiste. En Inde, lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant est associĂ© Ă Ganesh qui est un dieu populaire. C'est le protecteur des rĂ©coltes. LĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant est capable avec sa trompe de faire de la place sur un territoire, d'Ă©craser avec son pas lourd les prĂ©dateurs qui s'approcheraient trop prĂšs. Avec lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant, vous prenez votre place, et dĂ©veloppez celle-ci, mais de façon toujours respectueuse. LĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant vous apporte la patience et l'inspiration pour dĂ©velopper votre puissance et votre courage. Signification renversĂ©e LĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant renversĂ© vient vous interroger sur vos appuis. Physiquement, c'est une imitation Ă surveiller vos articulations, les genoux, le chevilles. Ăâ°nergĂ©tiquement, c'est une invitation Ă mesurer vos actions et l'Ă©nergie que vous y investissez. Posez-vous les actions justes ou perdez-vous trop d'Ă©nergie dans des projets futiles ? De quelle façon utilisez-vous votre force ? Lorsque l'Ă©nergie de lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant n'est pas canalisĂ©e, celui-ci est capable de faire des dĂ©gĂÂąts autour de lui, c'est lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant dans un magasin de porcelaine. Le message de lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant Je suis l'esprit de lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant. J'incarne la puissance, la stabilitĂ©, la constance. Avec moi, tu pourras entreprendre des projets d'envergure, tu peux te permettre d'avoir de l'ambition, de te lancer dans des dĂ©fis qui vont aider le monde. Dans toute l'Asie, les monarques, les souverains aiment s'asseoir sur mon dos pour affirmer leur pouvoir. Ils me dĂ©corent, me maquillent de façon Ă honorer mon Ă©nergie puissante. Si je viens te visiter, c'est que tu es de la race des monarques. Je t'invite Ă monter sur mon dos. Je t'aiderai Ă retrouver ta confiance en toi, Ă assurer ton pouvoir. J'accompagne essentiellement les vieilles ĂÂąmes, celles qui apportent Ă la terre la beautĂ© de leur lumiĂšre. Si tu es prĂÂȘt Ă laisser rayonner ta belle lumiĂšre, si tu as besoin de dĂ©velopper ton aura et ton charisme, alors, tu n'auras que ton intention Ă vĂ©rifier. Souhaites-tu rĂ©ellement dĂ©velopper ta puissance pour Ă©clairer le monde ? Prends le temps de rĂ©pondre , car avec moi, ton rythme va changer ! Prends le temps de vĂ©rifier que c'est par l'amour de la lumiĂšre que tu souhaites de dĂ©velopper ta puissance. Alors, monte sur mon dos. Ma force deviendra ta force. Et le territoire qui s'ouvre devant toi sera le champ des possibles. Le rituel de lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant Je rends hommage Ă lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant. Je reconnais la puissance de l'ancĂÂȘtre des animaux terrestres. Je me connecte au savoir de ta vieille ĂÂąme. Je prends le temps de visualiser la rugositĂ© de ta peau, la profondeur de ton regard et la lourdeur de ton pas. Je dĂ©taille chaque partie de ton corps dans mon esprit. Je ne vois aucune violence, aucune duretĂ©, uniquement la puissance Ă l'Ă©tat pur. Je prends le temps de laisser rĂ©sonner la puissance de lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant dans mon propre cĂ âur. En imagination, je me vois monter sur le dos de lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant. J'avance ainsi portĂ© par le gardien du cĂ âur. Je visualise ainsi tous les obstacles de mon quotidien ĂÂȘtre Ă©cartĂ©s par la puissance de lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant."* *Sophie Ăâ°kouĂ©, auteure de Sagesses africaines Hachette, 2016, nous apprend que "Chez les Bambara, l'Ă©lĂ©phant symbolise le grand savoir ; les chasseurs portent aux poignets la queue de l'Ă©lĂ©phant pour se protĂ©ger des fauves."Autre proverbe africain "L'Ă©lĂ©phant meurt, mais ses dĂ©fenses demeurent." Dans Le Dieu perdu dans l'herbe Presses du ChĂÂątelet, 2015, le philosophe Gaston-Paul Effa rapporte son initiation auprĂšs d'une guĂ©risseuse pygmĂ©e, nommĂ©e Tala, qui lui dĂ©livre patiemment ses enseignements "Ecoute cette sagesse africaine "C'est en apprenant Ă regarder que l'Ă©lĂ©phant apprend Ă aimer." L'amour est prĂ©cisĂ©ment notre tĂÂąche, notre devoir, quand bien mĂÂȘme il semblerait aussi frĂÂȘle que ces gouttes d'eau d'aprĂšs l'averse tombant dans l'herbe du jardin. Retiens que la nature n'a que faire de toi. Par l'amour, tu seras dĂ©pourvu de gestes et de mots, mais tu parviendras Ă entendre, debout dans la clairiĂšre, le rire de la pluie et ce qui se cache dans le chant des passereaux."* * Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal Ă©nergĂ©tique LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Ăâ°ditions VĂ©ga, 2017, lĂąâŹâąĂâ°lĂ©phant est dĂ©fini par les caractĂ©ristiques suivantes Traits L'Ă©lĂ©phant symbolise la force intĂ©rieure, un large Ă©ventail d'Ă©motions et la capacitĂ© physique Ă triompher des obstacles. L'Ă©lĂ©phant vit en hordes qui sont menĂ©es par les femelles les plus ĂÂągĂ©es. Il est fidĂšle aux autres membres de sa horde, et spĂ©cialement aux nouveau-nĂ©s tous ont leur part dans l'enseignement, les soins et l'amour donnĂ©s aux petits. Chacun d'entre eux est capable de risquer sa vie pour protĂ©ger un autre membre de sa famille. L'Ă©lĂ©phant a une mĂ©moire incroyable, et, mĂÂȘme Ă des annĂ©es d'Ă©cart, il continuera Ă se souvenir d'un autre Ă©lĂ©phant qu'il lui est arrivĂ© de rencontrer. L'Ă©lĂ©phant connaĂt la tristesse du deuil et il verse des larmes, tout comme nous. Talents Engagement ; Communication ; Confiance en soi ; ReliĂ© Ă l'ancienne sagesse ; Ăâ°motions profondes ; Gentillesse ; Force intĂ©rieure ; Intelligence ; Joyeux ; Sens aiguisĂ©s, LongĂ©vitĂ© ; Nature aimante ; FidĂšle ; Patient ; Force physique ; Sociable ; TĂ©lĂ©pathe ; Aspect robuste ; Confiant. DĂ©fis Jaloux ; Trop sensible ; Rage ; Vengeance ; EntĂÂȘtĂ©. Ăâ°lĂ©ment Terre ; Eau. Couleurs primaires Gris. Apparitions Lorsque l'Ă©lĂ©phant apparaĂt, cela veut dire que vous avez besoin de communiquer davantage et de vous impliquer dans vos relations personnelles. Prenez le temps de vraiment Ă©couter ce que les autres disent. Quels sentiments se cachent derriĂšre leurs paroles ? Soyez naturellement doux, intelligent dans vos choix et dĂ©sireux de vous consacrer vraiment Ă la personne. DĂšs que vous Ă©coutez vĂ©ritablement, vous dĂ©veloppez une comprĂ©hension mutuelle profonde. Ne supposez pas que les gens qui comptent pour vous savent ce que vous ressentez. Dites-le-leur, montrez-le leur, et valorisez leur prĂ©sence dans votre vie. L'Ă©lĂ©phant signifie Ă©carter les obstacles du chemin, ne laissez rien vous empĂÂȘcher de faire ce que vous voulez accomplir. L'Ă©lĂ©phant a tendance Ă ne regarder que ce qui est devant lui, ce qui est le signe que votre vision ne doit pas ĂÂȘtre Ă©troite, mais doit prendre en compte ce qui est autour de vous et que vous devez avoir conscience de votre environnement. L'Ă©lĂ©phant vous donne sa dĂ©termination - rien ne peut vous arrĂÂȘter dans la rĂ©alisation de ce que vous dĂ©sirez mener Ă bien. Vous dĂ©passez en les poussant les obstacles qui arrĂÂȘtent les autres sur leur chemin. Aide L'Ă©lĂ©phant vous connecte Ă l'ancienne sagesse, ce qui peut vous aider dans l'avancĂ©e de votre dĂ©veloppement spirituel. Si vous vous engagez sur un chemin d'illumination spirituelle, l'Ă©lĂ©phant est l'animal parfait pour vous guider. Sa force physique peut vous aider Ă repousser les obstacles sur votre chemin et sa force intĂ©rieure peut vous accompagner dans les pĂ©riodes difficiles. L'Ă©lĂ©phant vous aide lorsque vous devez ĂÂȘtre silencieux dans votre approche. C'est un animal imposant, mais il marche avec des mouvements gracieux et en faisant peu de bruit. Si vous n'ĂÂȘtes pas sĂ»r de la façon de partager vos Ă©motions ou de vous exprimer, l'Ă©lĂ©phant peut vous montrer la façon juste de vous prĂ©senter. Si vous vous ĂÂȘtes tournĂ© vers de nouvelles Ă©tudes, l'Ă©lĂ©phant peut vous aider Ă comprendre et mĂ©moriser ces nouvelles informations grĂÂące Ă sa grande intelligence. L'Ă©lĂ©phant vous encourage Ă exhumer les souvenirs de votre passĂ©, Ă les examiner avec un point de vue impartial et Ă les lĂÂącher. S'accrocher Ă certains souvenirs peut vous retenir dans votre dĂ©veloppement futur. Prenez le temps d'apprĂ©cier les activitĂ©s aquatiques ; c'est essentiel Ă votre survie. FrĂ©quence L'Ă©nergie de l'Ă©lĂ©phant est sage et paisible. Elle donne la sensation de se tenir au bord d'un escarpement et de regarder Ă travers l'Ă©tendue de la toundra, avec l'assurance de savoir que tout est comme cela doit ĂÂȘtre. Cela ressemble Ă la joie d'une Ă©treinte inattendue - chaude, intime et pleine d'amour. Cela fait le bruit de l'Ă©lĂ©phant qui trompette un bref appel Ă la tonalitĂ© haute qui invite Ă revenir chez Vous voyagez dans un parc safari oĂÂč toutes les espĂšces d'animaux sauvages natifs d'Afrique vivent dans un environnement ouvert et naturel. Tout en roulant dans le parc, vous voyez des animaux des deux cĂÂŽtĂ©s. Vous voyez plusieurs gros Ă©lĂ©phants qui se dirigent vers la route. Vous vous arrĂÂȘtez et attendez qu'ils traversent. Il y a des mĂšres avec leurs petits, qui semblent danser dans leur façon d'essayer de marcher ensemble, avec leurs trompes qui se touchent et leurs tĂÂȘtes qu'ils secouent tout en se dĂ©pĂÂȘchant d'avancer. Puis un Ă©lĂ©phant extrĂÂȘmement gros lance son barrissement. Il se met Ă marcher vers votre voiture et regarde par la vitre. Vous ne savez pas Ă quoi vous attendre, mais vous ĂÂȘtes trĂšs impressionnĂ© par votre proximitĂ© avec cet animal sauvage. Vous posez la paume de votre main Ă plat contre la vitre. L'Ă©lĂ©phant touche la vitre de l'autre cĂÂŽtĂ© de votre main avec le bout de sa trompe, puis il fait demi-tour et s'Ă©loigne en marchant pesamment.* *Symbolisme onirique Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rĂÂȘves, Tome 1 couleurs, minĂ©raux, mĂ©taux, vĂ©gĂ©taux, animaux Albin Michel, 1995, La masse imposante de l'Ă©lĂ©phant, son Ă âil rieur, sa peau grise et plissĂ©e, ses pattes qui Ă©voquent quatre colonnes prĂÂȘtes Ă soutenir le monde, ses impressionnantes dĂ©fenses d'ivoire, ses gigantesques oreilles, sa trompe, enfin... autant de spĂ©cificitĂ©s morphologiques susceptibles de participer Ă la formation d'une constellation symbolique. Quelles sont celles de ces particularitĂ©s qui ont pris une part dĂ©cisive dans la composition du symbolisme de l'Ă©lĂ©phant ? Les tableaux psychologiques que j'ai dressĂ©s dans Le Test de l'Arche de NoĂ© reposent pour une large part sur un Ă©tude de la place de chaque animal dans la littĂ©rature. En ce qui concerne l'Ă©lĂ©phant, je constatais que la prĂ©sence du pachyderme dans les Ă©crits inspirĂ©s, dans la poĂ©sie, est relativement modeste. Cela m'avait conduit Ă privilĂ©gier les observations faites sur les rĂ©sultats d'un est auquel plusieurs centaines de personnes avaient Ă©tĂ© soumises. La conclusion majeure proposait l'Ă©lĂ©phant comme un indice de grande sensibilitĂ©, accompagnĂ©e d'un sentiment de limitation dans l'expression de cette sensibilitĂ©. Une telle interprĂ©tation du symbole, lorsqu'il survient dans le test me paraĂt toujours judicieuse. Qu'en est-il de la place de l'Ă©lĂ©phant dans le rĂÂȘve ? Elle est considĂ©rable, puisque le pachyderme peut ĂÂȘtre relevĂ© dans plus de 6% des sĂ©ances, ce qui le place au dixiĂšme rang par frĂ©quence d'apparition parmi tous les animaux. L'examen des corrĂ©lations montre que plus de la moitiĂ© d'entre elles se rĂ©partissent entre deux familles celle des animaux et celle qui regroupe les parties du corps, humain ou animal. Dans cette deuxiĂšme famille, la trompe est, de trĂšs loin, l'association la plus forte. L'Ă©lĂ©phant imaginaire entraĂne des associations trĂšs nombreuses avec les animaux et particuliĂšrement avec les animaux exotiques. Cela pourrait ĂÂȘtre reçu comme la simple consĂ©quence de son habitat naturel, mais l'expĂ©rience dĂ©montre que l'inconscient ne retient ce type d'influence que lorsqu'elle sert le sens profond du symbole. La racine grecque exos signifie Ă dehors Ă» Ă Ă©tranger Ă». L'Ă©tude de plusieurs des animaux exotiques conduit Ă penser que ceux-lĂ sont liĂ©s au plus cruel, au plus dĂ©cisif des Ă exodes Ă» celui de l'enfant quittant sa mĂšre. Le lecteur se rapportera utilement Ă ce propos Ă l'article consacrĂ© au perroquet. Avant d'examiner ce qui ressort des rĂÂȘves dans lesquels apparaĂt l'Ă©lĂ©phant, nous souhaitons rappeler le fait le plus original que nous avions observĂ©, dans la littĂ©rature, au sujet de cet animal. Des textes de Goethe, de Marcel AymĂ© et de Romain Gary mettent en scĂšne l'Ă©lĂ©phant dans des lieux, piĂšce, cachot, grotte, oĂÂč il occupe tout l'espace. Ces productions imaginaires, d'une grande originalitĂ©, ne laissent aucun doute sur l'authenticitĂ© d'une inspiration qui place spontanĂ©ment le pachyderme comme occupant la totalitĂ© d'un espace intĂ©rieur. Cette constatation, Ă elle seule, ne permettait pas d'orienter avec certitude la traduction de la symbolique de l'Ă©lĂ©phant dans le sens d'une relation Ă l'image de l'enfant dans le corps de sa mĂšre. L'exploration des scĂ©narios de rĂÂȘve Ă©veillĂ© dans lesquels Ă©volue l'Ă©lĂ©phant apporte, sur cet axe de rĂ©flexion, des Ă©lĂ©ments de nature Ă consolider une conviction. Dans 95% de ces rĂÂȘves, les patients ou les patients expriment des images ou des rĂ©flexions qui se rapportent Ă la maternitĂ© ! Des remarques les plus claires aux allusions les plus allĂ©goriques, ce thĂšme se retrouve plusieurs fois dans chaque scĂ©nario. La relation Ă la maternitĂ© peut s'y inscrire avec des sens trĂšs diffĂ©rents cela peut traduire la frustration liĂ©e Ă l'absence de progĂ©niture, le dĂ©sir de revivre le sĂ©jour dans le corps de la mĂšre, l'idĂ©e de la chaĂne des descendances ou, et c'est peut-ĂÂȘtre le cas le plus frĂ©quent, la dĂ©solation de l'enfant devant sa mĂšre enceinte d'un concurrent qui accapare dĂ©jĂ l'essentiel de ses attentions ! Comme toujours, la complexitĂ© des rĂ©seaux neuroniques et l'interdĂ©pendance de ces supports du dĂ©veloppement de la conscience, font que, dans chacun des rĂÂȘves concernĂ©s, plusieurs des propositions que nous venons d'Ă©voquer peuvent ĂÂȘtre enchevĂÂȘtrĂ©es. Deux extraits d'un trĂšs long rĂÂȘve de BĂ©atrice, l'un situĂ© tout au dĂ©but du scĂ©nario, l'autre prĂšs de la fin de celui-lĂ , vont montrer la liaison entre plusieurs de ces thĂšmes. Dans la rĂ©alitĂ©, BĂ©atrice, dont la mĂšre est dĂ©cĂ©dĂ©e quelques mois plus tĂÂŽt, est consciemment jalouse de sa sĂ âur qui attend un bĂ©bĂ© Ă ĂąâŹÂŠ je fais un gros bouquet avec ces fleurs... je ne sais pas pourquoi, ça me fait penser aux maternitĂ©s. Quand on circule dans les maternitĂ©s, le soir, dans les couloirs, il y a plein de bouquets sur les chariots... on les sort des chambres parce que ça fait mal Ă la tĂÂȘte. LĂ , je me vois au lit... je sors le bouquet... c'est une attitude assez Ă©trange.. ça me rappelle justement ce que j'ai vu chaque fois quand je suis allĂ©e voir quelqu'un dans une maternitĂ© et je me dis que moi, je sors le bouquet de fleurs et je suis dans mon lit, mais je n'ai pas de bĂ©bĂ© ! Je suis bien contente de ne pas en avoir, Ă vrai dire !... [ĂąâŹÂŠ] LĂ , je suis depuis des mois dans un endroit oĂÂč il n'y a que des animaux. Des animaux de toutes sortes. Ils me parlent, je leur parle mais c'est tout de mĂÂȘme anormal de n'avoir de relation qu'avec des animaux ! J'espĂšre qu'un prince charmant viendra me sortir de lĂ !... Il y a un chĂÂȘne qui pousse... c'est curieux, habituellement, les chĂÂȘnes, ça pousse lentement ! LĂ , on le voit grandir Ă vue dĂąâŹâąĂ âil ! Maintenant, il y a un Ă©lĂ©phant aussi !... mĂÂȘme, un couple d'Ă©lĂ©phants... je commence Ă m'affoler en me disant que, s'ils font des bĂ©bĂ©s, on ne va pas ĂÂȘtre déçus du voyage ! Je me dis qu'une grossesse d'Ă©lĂ©phant c'est long et que j'ai le temps de voir venir d'ici lĂ , ma foi ! Je me pose des questions biologiques, parce qu'il y a un Ă©lĂ©phant d'Asie et un Ă©lĂ©phant d'Afrique... et je me demande s'ils peuvent faire un bĂ©bĂ© ensemble ! Je n'en sais trop rien... Au bout de quelques annĂ©es, il y a un bĂ©bĂ© Ă©lĂ©phant qui arrive... il est absolument ravissant... enfin ! aussi ravissant qu'un bĂ©bĂ© Ă©lĂ©phant peut l'ĂÂȘtre ! Il a les oreilles de son pĂšre et je ne sais pas quoi de sa mĂšre... ma mĂ©nagerie s'est augmentĂ©e d'une famille d'Ă©lĂ©phants ! Mais ils ravagent tout ! Le seul arbre qu'ils aient respectĂ©, c'est le chĂÂȘne qui pousse Ă toute allure... en plus, c'est pas tellement les parents qui font le plus de dĂ©gĂÂąts, c'est plutĂÂŽt le bĂ©bĂ© Ă©lĂ©phant !... Ă» Si le lecteur se rapporte Ă l'article Ă ChĂÂȘne Ă», il y trouvera des dĂ©veloppements qui soulignent la vocation de ce vĂ©gĂ©tal Ă symboliser l'arbre gĂ©nĂ©alogique. DĂšs lors, il devient clair que les images de BĂ©atrice sont toutes associĂ©es au thĂšme de la famille, de la maternitĂ©, de la chaĂne de transmission de la vie. Il est une production imaginaire frĂ©quente qui expose cette idĂ©e de chaĂne de descendance, c'est celle de la caravane d'Ă©lĂ©phants, chaque animal tenant parfois dans sa trompe la queue de celui qui le prĂ©cĂšde. Henri, au cours d'un scĂ©nario dans lequel il multiplie les images exprimant la multicoloration, produit une vision de ce type Ă ĂąâŹÂŠ Je me promĂšne Ă Hong Kong... il y a plein de Chinois et de Chinoises avec des ombrelles colorĂ©es... femmes souriantes, vĂÂȘtues d'Ă©toffes de toutes les couleurs... un peu plus loin, j'aperçois un dĂ©filĂ© d'Ă©lĂ©phants, avec des trompes enrubannĂ©es et le dĂ©filĂ© est trĂšs curieux car, devant, il y a de tout petits Ă©lĂ©phants, puis des Ă©lĂ©phants de plus en plus grands, pour arriver, vers le douziĂšme ou treiziĂšme rang, Ă des animaux adultes, vĂ©ritables mastodontes, au pas pesant... Ă» Dans l'article consacrĂ© Ă la poupĂ©e, nous Ă©voquons un rĂÂȘve de Florence, d'une trĂšs grande intensitĂ© Ă©motionnelle puisqu'il se termine dans l'Autre Monde oĂÂč la jeune femme retrouve sa petite sĂ âur morte lorsque la rĂÂȘveuse avait quatre ans. Florence, Ă l'Ă©poque du rĂÂȘve, savait depuis quelques mois qu'elle ne connaĂtrait jamais la maternitĂ© et se trouvait trĂšs affectĂ©e par la grave frustration qui rĂ©sultait de cette situation. La sĂ©ance dĂ©bute par ces mots Ă Je suis Ă Ceylan... dans une grande forĂÂȘt, trĂšs dense, avec beaucoup de palmiers... et... il y a une colonne d'Ă©lĂ©phants qui s'avancent, avec la trompe de chacun qui tient la queue du prĂ©cĂ©dent... et... sur chaque Ă©lĂ©phant, il y a des hommes, installĂ©s dans une espĂšce de panier en osier tressĂ©, carrĂ©... Ă» Le panier d'osier ou palanquin arrimĂ© sur le dos de l'Ă©lĂ©phant renvoie Ă la nacelle de la montgolfiĂšre. Or le ballon en gĂ©nĂ©ral mais aussi la montgolfiĂšre figurent parmi les associations repĂ©rables dans les rĂÂȘves pris en rĂ©fĂ©rence. Dans l'article Ă MontgolfiĂšre Ă» plusieurs exemples tĂ©moignent de la relation Ă©troite qui existe entre la montgolfiĂšre et la rupture du cordon ombilical psychologique, c'est-Ă -dire la prise d'indĂ©pendance vis-Ă -vis de l'image maternelle. Quelques phrases du douziĂšme scĂ©nario de Denis, sorti depuis peu d'une grave crise de prostration, vont montrer le rĂ©seau d'associations, qui lie naturellement, dans l'inconscient, la mĂšre, le bĂ©bĂ©, l'Ă©lĂ©phant et la montgolfiĂšre ! Ă ĂąâŹÂŠ J'ai vu un homme ailĂ©, qui s'est envolĂ© ! Maintenant, c'est une femme qui descend un escalier en poussant un landau avec un bĂ©bĂ© dedans... une pioche, lĂ , qui frappe le sol... et il y a de l'eau qui gicle, ou plutĂÂŽt de la boue... lĂ , un Ă©lĂ©phant, sur une place. Il a un tapis sur le dos, une sorte de palanquin fait de rondins de bois... des gens montent sur l'Ă©lĂ©phant qui est Ă©crasĂ© par ce poids... des engins Ă chenilles m'Ă©crasent aussi sous leur poids... Maintenant, je vois un Ă©lĂ©phant qui sort de la tente d'un cirque et vient vers moi pour m'Ă©craser avec ses pattes...Ă»Chacun connaĂt l'expression vulgaire qui dĂ©signait naguĂšre la femme enceinte par les mots Ă elle est en ballon Ă» ! La masse arrondie de l'Ă©lĂ©phant, sa peau plissĂ©e peuvent inspirer l'idĂ©e d'un ballon insuffisamment gonflĂ©. La cigogne, incontestablement en rapport avec le bĂ©bĂ©, s'associe Ă l'Ă©lĂ©phant onirique dans la mĂÂȘme proportion que celle qui relie celui-lĂ au ballon. De tels rĂ©seaux d'associations autorisent-ils Ă voir dans l'Ă©lĂ©phant une image maternelle ? Ce n'est pas certain. Au risque de reconnaĂtre que le symbole conservera pour nous une part de son mystĂšre, nous devons faire Ă©tat de deux autres corrĂ©lations que l'on observe dans les rĂÂȘves Ă©tudiĂ©s. Dans l'imagerie onirique, la trompe est souvent associĂ©e Ă ce qu'il faut bien appeler une sorte d'Ă©mission de liquide sĂ©minal. Sur ce point, l'Ă©lĂ©phant du rĂÂȘve se distingue de celui de la littĂ©rature ou ces images n'apparaissent que trĂšs rarement. Le quinziĂšme rĂÂȘve de Maryse offre une bonne illustration de ce genre de production Ă ĂąâŹÂŠ Je marche dans la forĂÂȘt, j'ai pris un petit faon dans les bras. Je suis tombĂ©e sur du sable, il y avait quelque chose de coupant j'ai les pieds qui saignent... j'entre dans une sorte de trou, comme une caverne... c'est plutĂÂŽt comme en bĂ©ton... c'est comme une trompe d'Ă©lĂ©phant qui plonge dans les arbres... je la casse d'un coup de pied, de massue, de marteau... je voudrais tant casser ce bĂ©ton ! A l'intĂ©rieur il y a une espĂšce de ĂąâŹÂŠ qu'est-ce que c'est ? Une espĂšce de gros truc blanc... comme du velours blanc peut-ĂÂȘtre ? Je l'ai cassĂ© avec le pied... il y a une espĂšce de liquide incolore dedans... ça Ă©clate... y en a plusieurs maintenant... on dirait du lait dans certains... Ă» Ce liquide, le plus souvent blanc ou translucide, prend vite la tonalitĂ© d'une substance crĂ©atrice, nourriciĂšre, magique ou sacrĂ©e. Une patiente voit se rĂ©pandre du yaourt, une autre Ă une sorte de pommade qui guĂ©rit Ă», une troisiĂšme Ă un flot de liquide dorĂ©, entre pĂÂąte et liquide, mais c'est comme de l'or Ă» ! Devant de telles images, venant aprĂšs ce que nous avons dĂ©veloppĂ© au sujet de la relation de l'Ă©lĂ©phant Ă la maternitĂ©, on se sent renvoyĂ© au mythe asiatique qui veut que Bouddha soit nĂ© aprĂšs que la reine Maya a Ă©tĂ© fĂ©condĂ©e par un Ă©lĂ©phanteau. DerriĂšre l'image de l'Ă©lĂ©phant se profilent de façon indĂ©cise les contours de la mĂšre, du sexe masculin et de leur produit l'enfant. C'est dans cette direction que devra en premier lieu se dĂ©ployer la rĂ©flexion de l'analyste Ă l'Ă©coute du rĂÂȘve En connaissance de la constellation familiale du rĂÂȘveur, il aura peu d'efforts Ă faire pour identifier, parmi les innombrables combinaisons possibles, celle qui inspire Ă ce moment les mouvements de la psychĂ© de son patient. Mais lĂąâŹâąĂ âil tranquillement moqueur du pachyderme laisse soupçonner que ce symbole a plus d'une corde Ă son mystĂšre ! Comment rĂ©sumer en quelques phrases ce qui constitue l'un des autres axes majeurs de la symbolique de l'Ă©lĂ©phant ? Peut-ĂÂȘtre en nous appuyant sur une brĂšve sĂ©quence du trente-sixiĂšme rĂÂȘve de StĂ©phane Ă ĂąâŹÂŠ des mains de femme et des mains d'enfant qui jouent sur un mĂÂȘme piano... maintenant ce sont des mains d'homme... couvertes de plumes ! Des plumes accrochĂ©es sur la peau... le corps de l'homme est une peau de serpent ! L'homme, tout Ă coup, est devenu un Ă©lĂ©phant, assis sur le tabouret devant le piano... homme ou femme, ce personnage a une peau de serpent ! Quelqu'un fait jaillir du yaourt... il y en a maintenant une grosse couche, qui dĂ©gouline... qui dĂ©gouline de l'utĂ©rus de ma mĂšre ! Je vois la chambre de maman... et une photo d'un petit garçon... c'est mon frĂšre !... Ă»* Le serpent Ă plumes ! Si l'on retrouve, dans ces lignes, la plupart des thĂšmes prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©s, le gĂ©nie neuronique impose aussi, par un fulgurant raccourci, ce que l'islam a vu dans l'Ă©lĂ©phant ; les racines du ciel ! Le serpent Ă plumes expose le rĂÂȘve de l'homme avide de rĂ©aliser la synthĂšse entre le ciel et la terre, la pesanteur et la lĂ©gĂšretĂ©, le parcours terrestre et le destin d'immortalitĂ©. Les Ă racines du ciel Ă», l'Ă©lĂ©phant, c'est le poids de l'incarnation qui enchaĂne l'ĂÂąme au corps terrestre. L'incarnation et son mystĂšre par un chemin diffĂ©rent, l'Ă©lĂ©phant nous reconduit vers le thĂšme de la maternitĂ© ! Sur la relation de l'Ă©lĂ©phant et de la pesanteur, le lecteur intĂ©ressĂ© trouvera des dĂ©veloppements importants dans Le Test de l'Arche de NoĂ©. Pour conclure le prĂ©sent article peut-on aller jusqu'Ă dĂ©signer le symbole comme une reprĂ©sentation maternelle ? Faut-il accepter sans rĂ©serve la trop facile image phallique de la trompe ? Doit-on retenir le pachyderme comme l'indice d'un positionnement inconfortable entre les aspirations spirituelles et les besoins temporels ? Est-on placĂ©, comme le montrent de nombreux scĂ©narios, devant une situation de concurrence affective par rapport Ă un collatĂ©ral ? Chacune de ces propositions a sa part dans la composition du symbolisme de l'Ă©lĂ©phant. Ce qui ĂąâŹâ au terme de la recherche ĂąâŹâ me paraĂt sĂ»r, c'est que ce dernier, lorsqu'il est prĂ©sent dans un rĂÂȘve, rĂ©vĂšle une grande sensibilitĂ© enfermĂ©e dans une problĂ©matique dont le noyau s'appelle Ă maternitĂ© Ă».**LittĂ©rature * Dans le rĂ©cit intitulĂ© "Les Deux Numance", extrait de L'Oranger 1993 ; traduction française Gallimard, 1995, Carlos FuentĂšs tente de reconstituer la chute finale de Numance aprĂšs les Ă©checs rĂ©pĂ©tĂ©s des Romains Nobilior installa son campement Ă quelque vingt-quatre stades de la citĂ©. Masinissa, le roi africain, s'attira les bonnes grĂÂąces de Rome en envoyant des Ă©lĂ©phants et trois cents chevaux sauvages aux portes de Numance. Les celtibĂšres les virent avancer lourdement en direction de la ville et furent pris d'Ă©pouvante au spectacle des pachydermes Ă©crasant tout sur leur passage. Cependant, au moment oĂÂč l'invincible troupeau approchait des murs de Numance, une pierre de trĂšs grande taille tomba sur la tĂÂȘte d'un des Ă©lĂ©phants L'animal devint fou de rage, c'est-Ă -dire qu'il cessa de distinguer entre ami et ennemi. Tournoyant comme un pesant derviche, la bĂÂȘte gagna en lĂ©gĂšretĂ© Ă mesure qu'elle gagnait en folie ; elle se mit Ă agiter puis Ă durcir l'Ă©norme pavillon de ses oreilles, lesquelles ressemblĂšrent bientĂÂŽt Ă des oreilles non pas d'Ă©lĂ©phant mais de chauve-souris ; comme si elle voulait mieux entendre son propre dĂ©sespoir douloureux. Les neuf autres Ă©lĂ©phants, excitĂ©s par le gĂ©missement aigu de leur compagnon blessĂ©, levĂšrent tous leur trompe, qu'ils abattirent comme des fouets sur l'infanterie romaine, puis ils se mirent Ă piĂ©tiner nos soldats tombĂ©s au sol. Nous n'Ă©tions que des fourmis sous les Ă©normes pattes aux vieux ongles fendillĂ©s, jaunes comme l'entaille la plus profonde d'une montagne, vibrants comme au cĂ âur d'une jungle. Avec leurs trompes enroulĂ©es et cinglantes, ils firent voler en l'air nos soldats. Nous Ă©tions tous leurs ennemis. Ils transformĂšrent le champ de bataille face Ă Numance en scĂšne ancestrale de leur peur et de leur libertĂ©. Lui comprit alors que les deux choses peuvent n'en faire qu'une. On l'informa du dĂ©sastre des Ă©lĂ©phants et il dĂ©cida de sĂ©parer pour toujours la peur de la libertĂ©. La discipline de la loi serait l'arbitre entre le deux. Les Romains prirent la fuite en dĂ©sordre, poursuivis par le galop des pachydermes.**Arts visuels Street Art, rue Mallifaud Ă Grenoble. XicQu.